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hors les lois et par cela même prend l’aspect de l'homme-Dieu, est religieusement soutenu par l’Eglise orthodoxe qui sanctionne la sainteté de l’autocratie. Il ne faut donc pas s’étonner de voir évêques et prêtres prêcher et bénir le meurtre des révolutionnaires, assister sans honte aux supplices qu’ils approuvent.

Derrière le char « infâme » des participants à la journée du ler/12f mars 1881, suivait celui, bien plus infâme, de cinq prêtres. Lorsque Plehve eut fini de lire aux condamnés l’arrêté leur apprenant qu’ils allaient être aussitôt exécutés et que les soldats eurent cessé de battre le tambour, les prêtres relevant leurs soutanes allèrent vers les potences offrir aux condamnés une croix en or à baiser. Tant mieux pour les prêtres s’ils ne savaient pas quel sacrilège ils accomplissaient. Les victimes qui ont refusé de donner ce baiser étaient plus hommes et bien plus près de l’Evangile, livre dans lequel tout ce qu’il y a d’humain est inclus jusqu’au moindre détail. Il y a peu de temps, le métropolite Antoine allait dans une prison et tentait, avec des textes, de convaincre les « criminels » que Christ (lequel ?) permet le meurtre à celui à qui tout est permis, qu’il l’encourage même, tandis que Tous, les autres, sont des criminels et rien de plus. L’évêque Antoine Krapowitzki est consumé par