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DES HISTOIRES

— Un roman !…

Mademoiselle Angéline croisa les mains sur sa maigre poitrine. Ses paupières se mirent à battre vivement — et la cire blême de son visage devint plus blême encore.

Monsieur Timothée, gêné, ne la regardait pas. Il se lança en de longues justifications. Des mémoires, après tout, ce n’étaient que des dates enfilées, des faits — aucune place pour l’imagination. N’importe qui pouvait compiler des mémoires, à condition d’avoir atteint, lucide, un certain âge… Le roman, à la bonne heure : c’est là que le talent peut se révéler, l’invention se donner libre cours, la fantaisie rivaliser avec le besoin d’instruire et le souci de moraliser !

Sur les joues de Mademoiselle Angéline, maintenant, un rose très pâle luttait contre l’extrême lividité. Ses yeux étaient pleins de larmes ; et, sous ses mains croisées, son cœur battait comme, depuis longtemps

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