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DES HISTOIRES

bare qui vend des pains d’un cash ; ni le gazouillis hésitant, bref, sautillant, éternellement étonné des verdiers et des bengalis-mouchetésdans la volière de l’oiselier créole. Il ne voyait pas les piles de giraumons et de choux, les tas de fruits-de-Cythère et d’ananas, l’éclair d’un sabre qui, continuement, scalpait des noix de coco. Il ne voyait rien, il n’entendait rien : il marchait vers les échoppes de « mercerie », où l’on vend des bas roses — des bas qui font envie aux petites négresses.

Sans s’arrêter à la première échoppe, il commença de descendre vers la rue Farquhar lentement. Et des Madras de toute taille et de tout âge sortaient de leurs magasins sombres et profonds comme des antres, maisons-joujoux édifiées à l’intérieur de l’autre édifice, qu’est le Marché Municipal. Gamins ou vieillards, tous d’un noir de cirage, tous ronds, tous volubiles, tous marqués au front du signe vertical,

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