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FURCY

se reprocha un si long abandon. Il se reprenait à aimer le petit navire, comme on aime les choses que l'on doit quitter… Il revoyait Upersile, épousée d’hier, l’aidant à fixer ces enflêchures de misaine…. Il revoyait…

Vendre le Saint-Louis… c’est tout cela qu’il allait vendre, tout cela qu’il allait perdre… Tout cela, à quoi il n’avait plus songé durant des années…

Avec piété maintenant, il enlevait les dernières traces de poussière, essuyait le verre d’un chiffon caressant, en palpait le galbe avec douceur, avec tendresse.


Son travail d’amour achevé, il poussa un grand soupir et, regardant une dernière fois son Saint-Louis, son cher Saint-Louis, il marmonna entre ses dents, sans même savoir les paroles qu’il prononçait :

— Pourvu que ça ne soit pas trop tard !

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