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DES HISTOIRES


jambes, devinait-elle que ce n’était pas par plaisir que je venais faire des misères aux pauvres gens, mais pour gagner la livre de riz de la maisonnée… Voilà ! Une armoire en caisses de pétrole rajoutées comme les morceaux d’un tapis-mendiant ; trois chaises à moitié étripées, dont une toute petite, une chaise de bébé ; sur l’armoire, quatre verres ; et, au-dessus, un chromo du Sacré-Cœur ; à même la terre battue, une paillasse creuse. Voilà !

« La femme demanda :

« — Est-ce qu’on peut « tirer » ce qu’il y a dans l’armoire ?

« — Oui, si ce sont des provisions et du linge.

« Elle ouvrit le meuble, le vida : un bol ébréché plein de riz froid ; une assiette de fer-blanc qui contenait de vieille paille de thé, tout humide ; un peu de sucre dans un cornet en gazette, deux cuillers en calin. C’était tout.

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