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LE MESSAGE


battement physique des premières heures, après le morne vertige des journées funérales.

« Mais ce n’est pas le pire. La souffrance suprême, ma Chérie, c’est, pour une âme entière et passionnée comme la tienne, d’assister à la mort lente du souvenir. Le souvenir qui meurt, c’est l’aimé qui nous quitte une seconde fois.

« Et cela, c’est en même temps que la souffrance suprême, la souffrance inévitable, ma Chérie !

« Ah ! je sais bien : si tu lis cette lettre peu de jours après ma mort tu te récrieras, tu protesteras de toute l’énergie de ta douleur encore saignante ; et peut-être les paroles de sagesse que j’écris ici le blesseront-elles. Pardonne-moi s’il en est ainsi ; mais il faut que tu entendes le langage de la raison qui ne s’oppose pas — crois-le bien — au langage de ma tendresse.

« En te parlant comme je te parle, je

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