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Les Allemands le tentent inutilement. La suprématie mondiale d’une langue nationale est d’ailleurs une utopie, car il faudrait le consentement unanime de tous les peuples civilisés pour la consacrer : et ce fait rentre dans la catégorie de ceux qui ne peuvent s’accomplir.

En propageant une langue neutre, nous les Français Espérantistes, pour qui — et cela, je suis fier de le proclamer au nom de tous — l’amour de la langue maternelle passe en première ligne, avant la langue que nous appelons seconde, nous défendons mieux que personne et plus pratiquement l’intégrité de notre langage national, car nous nous opposons à ce qu’il perde la seule place qu’il peut occuper parmi l’élite intellectuelle des autres nations.

Abandonnons un instant cette opinion erronée. Ne nous grisons pas de mots sonores, de belles


    absent, a dit presque en propres termes : « Quand on m’a parlé de l’Espéranto, comme langue internationale universelle, j’ai souri en ma qualité d’Anglais ; car je pensais qu’il n’y avait qu’une seule langue universelle possible et que c’était l’anglais. Puis après avoir réfléchi qu’aucun peuple n’accepterait la suprématie que l’usage universel de la langue anglaise conférerait au Royaume Britannique, pas plus du reste que je n’accepterais en tant qu’Anglais la suprématie d’un autre peuple, j’ai compris qu’il fallait adopter, comme idiome international, dont le besoin est urgent, une langue artificielle ; elle est d’ailleurs la seule qui peut mettre d’accord toute l’humanité en même temps qu’elle conserve l’intégrité des langues nationales. »