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CHAPITRE XVII

Concentration en Bretagne des troupes destinées à Saint-Domingue. — Événements de Rennes. — Mon frère Adolphe, impliqué dans l’affaire, est incarcéré. — Mort de mon frère Théodore.

Mais arrivons à des faits sérieux. Le traité de Lunéville avait été suivi de la paix d’Amiens, qui mit un terme à la guerre que la France et l’Angleterre se faisaient. Le premier Consul résolut de profiter de la tranquillité de l’Europe et de la liberté rendue aux mers, pour envoyer un nombreux corps de troupes à Saint-Domingue, qu’il voulait arracher à la domination des noirs, commandés par Toussaint-Louverture. Toussaint, sans être en rébellion ouverte avec la métropole, affectait cependant de grands airs d’indépendance. Le général Leclerc devait commander l’expédition ; il ne manquait pas de moyens, et avait bien fait la guerre en Italie, ainsi qu’en Égypte ; mais son lustre principal provenait de ce qu’il avait épousé Pauline Bonaparte, sœur du premier Consul. Leclerc était fils d’un meunier de Pontoise, si l’on peut appeler meunier un très riche propriétaire d’immenses moulins, qui fait un commerce considérable. Ce meunier avait donné une brillante éducation à son fils, ainsi qu’à sa fille, qui épousa le général Davout.

Pendant que le général Leclerc faisait ses préparatifs de départ, le premier Consul réunissait en Bretagne les forces qu’il destinait à l’expédition, et ces troupes, selon