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CHAPITRE XI

Combats de Cadibone et de Montenotte. — Retraite de l’aile droite de l’armée sur Gênes. — Mon père est blessé. — Siège et résistance de Gênes. — Ses conséquences. — Mon ami Trepano. — Mort de mon père. — Famine et combats. — Rigueur inflexible de Masséna.

Cependant, de bien grands événements se préparaient autour de nous en Italie. Masséna avait reçu quelques renforts, rétabli un peu d’ordre dans son armée, et la célèbre campagne de 1800, celle qui amena le mémorable siège de Gênes et la bataille de Marengo, allait s’ouvrir. Les neiges dont étaient couvertes les montagnes qui séparaient les deux armées étant fondues, les Autrichiens nous attaquèrent, et leurs premiers efforts portèrent sur la troisième division de l’aile droite, qu’ils voulaient séparer du centre et de la gauche en la rejetant de Savone sur Gênes. Dès que les hostilités recommencèrent, mon père et le colonel Sacleux envoyèrent à Gênes tous les non-combattants ; Colindo était de ce nombre. Quant à moi, je nageais dans la joie, animé que j’étais par la vue des troupes en marche, les mouvements bruyants de l’artillerie et le désir qu’a toujours un jeune militaire d’assister à des opérations de guerre. J’étais loin de me douter que cette guerre deviendrait si terrible et me coûterait bien cher !

La division de mon père, très vivement attaquée par des forces infiniment supérieures, défendit pendant deux jours les célèbres positions de Cadibone et de Monte-