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CHAPITRE X

Nous rejoignons le général Championnet en Piémont. ― Le général Macard. ― Combats entre Coni et Mondovi. ― Nous enlevons six pièces de canon. ― Je suis nommé sous-lieutenant. ― Je deviens aide de camp de mon père envoyé à Gênes, puis à Savone.

Les renseignements que le général Séras tira des prisonniers l’ayant déterminé à se porter en avant, le lendemain, il envoya l’ordre à sa division de descendre des hauteurs de San-Giacomo et de venir bivouaquer le soir même auprès de l’auberge. Les prisonniers furent expédiés sur Finale ; quant aux chevaux, ils appartenaient de droit aux housards. Ils étaient tous bons, mais, suivant l’usage du temps, qui avait pour but de favoriser les officiers mal montés, un cheval de prise n’était jamais vendu que cinq louis. C’était un prix convenu, et l’on payait au comptant. Dès que le camp fut établi, la vente commença. Le général Séras, les officiers de son état-major, les colonels et chefs de bataillon des régiments de sa division, eurent bientôt enlevé nos dix-sept chevaux, qui produisirent la somme de 85 louis. Elle fut remise à mon détachement, qui, n’ayant pas reçu de solde depuis plus de six mois, fut enchanté de cette bonne aubaine, dont les housards m’attribuèrent le mérite.

J’avais quelques pièces d’or sur moi ; aussi, pour payer ma bienvenue comme sous-officier, non seulement je ne voulus pas prendre la part qui me revenait sur la vente