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observation, qu’on trouvera probablement immodeste, mais qui mérite mieux que cette qualification, faire comprendre qu’un chef d’administration a la plus grande part de responsabilité des travaux exécutés par son ordre ; que le choix d’un architecte, pris parmi les plus recommandables, ne le désintéresse pas dans l’œuvre de celui-ci ; qu’en cas de succès, le public l’associe bien rarement, sans doute, aux éloges décernés à l’architecte ; mais que, dans le cas contraire, il s’en prend justement à l’administrateur, dont le devoir était de contrôler incessamment cette œuvre en projet et en exécution ; finalement, que, si M. Berger avait été un vrai Préfet, l’Empereur n’aurait pas été dans la nécessité regrettable d’ordonner la démolition d’un édifice unanimement condamné dès son achèvement.


Du reste, M. Baltard se défendait, en alléguant les exigences toujours nouvelles du service administratif des Halles, contre lesquelles il n’avait pas été protégé suffisamment par le Préfet, et qui l’avaient obligé à flanquer son pavillon d’édicules qui l’avaient alourdi.

Mais la réussite complète du nouveau projet effaça vite le souvenir de cette erreur d’un homme de talent.

M. Baltard avait fait preuve, dans l’emploi du fer, qui révoltait si fort au début ses instincts d’artiste, d’une habileté de constructeur qui dépassait de beaucoup le mérite, qu’il ne pouvait consciencieusement s’attribuer, de la conception de ce grand projet. À l’aide d’une heureuse combinaison d’éléments très simpies, répétés indéfiniment, il avait su donner à l’ensemble du monument un caractère d’unité du meilleur