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voit aujourd’hui ; mais l’un d’eux, celui qui fait face à l’Église est demeuré inachevé, dans l’attente du dégagement de la Halle aux Blés qu’il devait rejoindre et que j’avais prise pour objectif de la grande voie couverte qui les traverserait run et l’autre dans le sens de leur longueur. Puis, je fis un croquis absolument conforme à l’esquisse impériale de l’élévation de ces groupes de pavillons ou plutôt de ces « vastes parapluies » séparés par des rues croisant la grande voie transversale et couvertes, comme elle, par des toits élevés à grands pignons. Après quoi, je fis appeler Baltard et je lui dis : — « Il s’agit de prendre votre revanche. Faites-moi, au plus vite, un avant-projet suivant ces indications. Du fer, du fer, rien que du fer ! »

J’eus beaucoup de peine à l’y déterminer. C’était un esprit entier et un classique endurci. Le fer ! c’était bon pour les ingénieurs ; mais, qu’est-ce qu’un architecte, « un artiste » avait à faire de ce métal industriel ? Comment ! Lui, Baltard, un Grand-Prix de Rome, qui tenait à l’honneur de ne s’être jamais permis d’introduire dans ses projets le moindre détail dont il ne pût justifier l’adoption par des exemples autorisés, se commettre avec un élément de construction que ni Brunelleschi, ni Michel-Ange, ni aucun autre des maîtres n’avait employé ! — Vous jugez l’homme. — Je lui fis remarquer en riant qu’aucun de ces illustres architectes n’avait eu de Halles Centrales à faire, et je finis par le décider à se mettre à l’œuvre, en lui déclarant que c’était le seul moyen que je visse de sauver sa position, fort compromise par la condamnation éclatante de ses premiers plans.