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CHAPITRE II.


Dépôts d’alluvion.

Caractères généraux. Les alluvions se divisent, d’après leur origine et leur nature, en deux classes. Les unes se sont formées pendant un temps d’inondation où l’eau avait un haut niveau, et où elle a pu remplir de débris des bas-fonds et des bassins. C’est pendant cette époque, et à la suite de la rupture de ses digues ou de son abaissement, que l’eau a pu couvrir d’alluvions anciennes et çà et là puissantes, la plaine élevée de la Podolie, les collines de la Gallicie et le bord nord des Carpathes. Les autres alluvions sont celles qui se continuent sous nos yeux au moyen des rivières, des dépôts des sources calcarifères, sulfureuses et ferrugineuses, et de l’action réciproque des substances minérales et organiques.

Alluvions modernes. Les alluvions se divisent donc en dépôts mécaniques et chimiques. Les premiers ont lieu par les eaux courantes, les pluies et les grandes crues d’eau. La quantité d’alluvions produite est en rapport avec la pente plus ou moins grande des cours d’eau et avec la cohésion plus ou moins forte des roches. Ainsi l’on observe dans les vallées qui se prolongent des Carpathes dans le bassin de la Pologne, beaucoup plus de cailloux que dans celles au nord du Dniester, et ces débris sont déposés sur les anciens et larges lits des rivières, par les crues qui ont lieu presque annuellement ; ces alluvions atteignent quelquefois à plusieurs toises d’épaisseur. À une plus grande distance de l’origine des cailloux, l’on ne trouve que des dépôts de sable. L’argile marneuse (Lehm) est aussi déposée par ces mêmes inondations, qui enlèvent à la surface du sol les parties les moins adhérentes, et permettent leur précipitation lorsque l’eau est redevenue tranquille. Quant aux dépôts chimiques, ils ont encore lieu en partie dans les vallées supérieures des Carpathes septentrionales, comme, par exemple, le tuf calcaire ; mais la plupart se trouvent dans les cavités basses où l’eau s’accumule sans pouvoir s’écouler, et dans les endroits favorables à la production de matières combustibles ou ferrugineuses.

Composition. Les dépôts mécaniques sont composés de sable, de limon, d’argile marneuse (Lehm) et de cailloux. Ces masses n’occupent pas séparément des espaces considérables, mais elles se réduisent principalement à des amas de cailloux entremêlés d’argile marneuse, et transforment les vallées des montagnes et les bas-fonds voisins en un sol pierreux et stérile. Les dépôts chimiques sont le tuf calcaire, la tourbe, le fer limoneux et le soufre. Comme ailleurs, le premier prédomine sur les autres, et la tourbe abonde plus que les deux derniers.

Dépôts mécaniques. Le sable est plus ou moins fin, quarzeux et souvent mélangé