Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Filou.

La petite note que M. Boué a publiée dans le Journal de géologie sur cette curieuse localité, nous a engagés à la visiter de nouveau avec détail, afin de voir si nous ne pourrions pas rattacher cet exemple à tous ceux qui existent dans les Corbières. Notre espérance n’a pas été trompée, et nous nous sommes assurés que les diorites de Fitou ne différaient que par leur caractère minéralogique des autres déjections volcaniques des Corbières, qu’elles faisaient partie du même système de terrain, et qu’elles étaient de la même époque.

La diorite se trouve dans le cul-de-sac de Fitou, derrière le village, et supporte un calcaire gris à aspect jurassique, qui, dans la partie inférieure, au point du contact avec la diorite, est noir, bitumineux, et dans quelques parties rouge et cellulaire à cavités sinueuses.

La diorite, généralement grise, cristalline, très riche en feldspath et analogue à certains granites, se nuance et se confond avec des roches blanches feldspathiques pénétrées de belles dendrites noires. Quelquefois le feldspath est d’un très beau rose. Ces roches passent de l’une à l’autre, se divisent en fragmens polyédriques, et sont traversées par de nombreuses fissures et par des veines occasionées sans doute par le retrait. Cette roche se décompose très facilement, et forme, en se désagrégeant, un gravier feldspathique qui quelquefois offre l’aspect du kaolin, et qui, sans la présence de l’amphibole, pourrait être utilisé dans les arts.

En se dirigeant de Fitou aux carrières de plâtre, l’on traverse un plateau assez étendu de calcaire et de rauchwacke, de telle sorte que les diorites de Fitou sont complètement entourées et séparées du gypse par des roches calcaires.

Les carrières de plâtre nous ont offert (sur la route, à côté des exploitations,) les mêmes roches ignées que nous avons décrites dans le courant de ce travail. Cette particularité n’avait pas été remarquée par les différens observateurs qui ont visité Fitou ; elle nous paraît très importante, parce que leur présence démontre d’une manière positive le rapport intime qui existe entre les roches volcaniques des Corbières, et les diorites des Pyrénées.

Le gypse de Fitou offre plusieurs variétés (saccharoïde, fibreux, spathique) ; il renferme de très beaux cristaux de quarz prismé bipyramidal, et des cristaux de fer sulfuré analogues à ceux de Roquevairé en Provence, mais beaucoup plus petits ; on y observe aussi des plaques de quarz opaque.

Nous terminerons là ces fastidieuses descriptions de localités, que nous avons cependant abrégées le plus possible, en faisant remarquer que les différentes