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et de leurs rapports avec les terrains secondaires. L’éruption de ces roches ignées nous semble avoir eu lieu au commencement de la période tertiaire, et avoir suivi immédiatement la dislocation du sol secondaire. Or, comme les forces qui ont soulevé ce terrain ne nous semblent pas avoir suivi une direction constante, puisque les crêtes des montagnes environnantes se coupent sous différens angles, et que d’ailleurs il est probable qu’elles ont agi à différentes époques et pendant une période de temps assez longue, les éruptions de roches ignées, liées intimement à cette cause, ont dû nécessairement avoir lieu dans une foule de points différens et pendant une période de temps correspondante. D’ailleurs, comme nous l’avons dit plus haut, l’éruption de ces roches a dû augmenter la confusion que l’on remarque dans la disposition physique de ces montagnes. Nous pensons donc que ces éruptions sont de beaucoup antérieures à l’établissement de l’homme dans nos contrées, et même à l’existence des temps historiques, c’est-à-dire à l’apparition de l’espèce humaine à la surface du globe.

La liaison intime du gypse et des déjections volcaniques nous semble également pouvoir s’expliquer avec beaucoup de facilité. En effet, en admettant que chaque paroxysme volcanique occasionait l’éjection de sources thermales chargées d’acide sulfurique, l’on conçoit facilement par l’action de l’acide sulfurique sur les roches calcaires, comment ont dû se former successivement les vastes dépôts de gypse au milieu desquels on aperçoit souvent des blocs plus ou moins volumineux de roches ignées.

Dans une note publiée il y a deux ans dans le Bulletin Universel, et les Annales des sciences, nous avions déjà émis cette théorie avec beaucoup de réserve, parce que nous n’avions visité alors que les environs de Sainte-Eugénie ; mais depuis, les nombreuses localités que nous avons visitées ne nous ont laissé aucun doute dans l’esprit, et nous ont forcé d’attribuer la même origine à tous les gypses secondaires, même à ceux qui ne sont pas associés aux roches ignées. La majeure partie des roches qui composent le terrain igné des Corbières, offre une grande analogie avec celles que les minéralogistes allemands désignent sous le nom de wacke, ou bien avec l’ophite grossier de M. Palassou. Elles ont toujours un aspect mat, se divisent facilement en fragmens polyédriques, renferment de petits globules de différente nature, et paraissent formées en général par du pyroxène, du feldspath altéré, de l’argile et de l’oxide de fer. Quelquefois les cavités huileuses sont tapissées de quarz rose cristallisé, ou d’un enduit drusique de chaux carbonatée. Toutes les variétés de roches que présente ce terrain passent de l’une à l’autre, et se confondent de mille manières.

Outre les minéraux dont je viens de parler, on trouve encore dans ces roches du fer oligiste, de petites lames de mica, et de petits grains d’un beau vert pomme que je crois être de l’oxide de chrome.

La description abrégée de diverses localités que nous avons visitées, ne fera que confirmer les propositions que nous avons avancées d’une manière