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encore l’empreinte dans la direction de la côte depuis le mont Pertuisato jusqu’à la cala dello Sprono. De l’autre côté du détroit, à la pointe de la Testa, on retrouve les couches inférieures du calcaire ; les dépressions granitiques sont remplies par des couches de sable qui supportent des grès et des calcaires analogues à ceux de Bonifacio, et qui renferment comme eux des oursins et de grands peignes ; mais sur toute la partie montagneuse de la côte, cette formation occupe très peu d’espace hors de la mer, ce n’est qu’à 10 ou 12 lieues plus loin qu’elle sort définitivement des eaux, et s’étend sur les plaines de Sassari.

L’étude hydrographique des fonds qui séparent la Corse de la Sardaigne, me semble pouvoir jeter quelques lumières sur la constitution géologique de ces terrains sous-marins. En contrôlant les chiffres de sondes répondant à l’intervalle des îles granitiques qui forment ce nombreux archipel voisin des bouches, on voit qu’ils indiquent un terrain extrêmement ondulé et accidenté, tandis que les lignes de sonde qui unissent le terrain tertiaire de Bonifacio aux terrains de la Testa et de Sassari, indiquent au contraire un terrain remarquablement plat, et dont les profondeurs extrêmes dépassent à peine les limites de 70 à 90 mètres. Il se pourrait que ce terrain fût le même que celui du plateau de Bonifacio, mais demeuré en place, et scindé seulement par les fissures de la côte[1].

Un détail fort intéressant, malgré son peu de développement, m’a permis de constater, sur la falaise de Santa-Manza, que les relations du calcaire de Bonifacio avec le trachyte, sont les mêmes que celles qui existent entre ces deux roches dans les plaines de Sardaigne.

Suivant les indications de M. de La Marmora, une ligne fort remarquable de terrains trachytiques commence à quelques lieues au-dessus de Cagliari, et se continue jusqu’à l’autre extrémité de la Sardaigne, en accompagnant à peu près parallèlement la direction de la grande chaîne orientale. L’âge de ces terrains est antérieur à celui des calcaires de la plaine, dont la superposition est évidente en plusieurs points.

Or, près de la pointe de Balistro, on rencontre une masse de conglomérat ponceux de 2 à 300 mètres de longueur sur 10 à 12 mètres d’élévation, qui jusqu’ici forme le seul terrain de cette nature signalé dans l’île de Corse, et qui

  1. Je regrette beaucoup de n’avoir pu rencontrer nulle part les ressources nécessaires pour étendre plus avant, sous les eaux de lamer, l’étude topographique du relief dont la Corse fait partie. Des sondes essayées en quelques points placés entre la Corse et les îles Baléares, sont descendues à cinq et six cents brasses (2,500 à 3,000 pieds) sans rencontrer de fond ; il est donc probable que, de ce côté, les pays subméditerranéens sont fort enfoncés au-dessous du niveau de la mer ; ils le sont beaucoup plus qu’entre la Corse et l’Italie, et beaucoup plus aussi qu’entre la Sardaigne et l’Afrique.

    Cette grande profondeur des eaux de la mer ne tendrait-elle pas à faire penser que les continent, formant la déviation saillante du globe relativement au sphéroïde liquide, sont plus que compensés par les bassins des mers formant la déviation rentrante ? Et alors si les uns répondent aux théories de soulèvement, n’est-il pas probable que les autres, moins connus, répondent aux théories d’enfoncement moins étudiées et moins suivies ?