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Florent, vient une couche épaisse de grès quarzeux jaunâtre ; et enfin les calcaires schisteux, blanchâtres, parsemés de grains de sable et de menus débris de corps marins, qui constituent les grandes masses du terrain.

Dans les points où le fond de granite atteint un niveau plus élevé, comme au pied des montagnes de la Trinité, à la Cala de lo Sprono, à la Cala de Stintina, on trouve les couches calcaires posées directement sur lui, sans l’intermédiaire d’un lit de sable ou de grès ; mais on n’observe jamais que le contact du granite produise aucune altération dans les roches ; l’inégalité du fond du bassin cause tout au plus quelques irrégularités dans l’ensemble des couches.

Le calcaire supérieur est déposé par larges assises, différant légèrement entre elles par la consistance et la dureté, par la quantité de grains sableux de quartz et de feldspath, et par l’abondance des particules de madrépores et de polypiers ; la stratification générale du terrain demeurant horizontale, la disposition des feuillets offre souvent, d’une couche à l’autre, cette variation de contournement si fréquente dans les molasses ; et les falaises présentent fréquemment, sur une grande hauteur, cette alternance régulière et pittoresque de bandes rayées tantôt par des lignes transversales et tantôt par des lignes horizontales.

Cette roche peu solide, abandonnée à la violence des coups de mer sur un détroit souvent orageux, se laisse miner par les vagues, et elle a perdu les limites qu’elle possédait lors de sa sortie du sein des eaux. La mer venant du large, frappe surtout la portion de la côte comprise entre Bonifacio et Monte-Pertuisato, et gagne incessamment sur la terre, sapant d’abord la base, puis entraînant à l’éboulement les parties supérieures. La falaise au sommet de laquelle est bâti Bonifacio présente l’aspect d’un demi-cintre ; un bastion et plusieurs maisons sont déjà suspendus sur l’abîme, et semblent donner à la ville les élémens du calcul de sa durée ; tandis que d’énormes rochers, détachés des hauteurs, et élevant encore au-dessus de ces eaux profondes quelques strates aigus et disloqués, lui rappellent à chaque heure le sort qui la menace. En plusieurs endroits l’action corrosive des eaux a produit des grottes profondes et spacieuses ; tantôt, comme au Monte-Pertuisato, elles déterminent de part en part de la montagne une percée régulière en forme de voûte ; tantôt, comme sous la citadelle, un long boyau étroit et sinueux ; tantôt enfin, comme près de la Madonetta, une galerie longue et élevée, allant aboutir à une salle immense qui prend jour à 160 pieds de hauteur, au milieu de la verdure de la campagne. Le fond de toutes ces grottes est occupé par la roche nue, couverte çà et là de quelques fragmens anguleux tombés de la voûte, et ne paraît pas susceptible de présenter grand intérêt.

La friabilité de certaines couches a donné lieu, même hors de la portée des eaux, à des enfoncemens analogues, mais moins profonds ; ainsi on voit souvent dans les vallées une ou deux voûtes superposées courir parallèlement au plan