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les peintres nous représentent des paysages de la Grèce antique. La surface des collines est pierreuse et aride, le fond du golfe marécageux, et le pays malsain, couvert de ruines, et presque abandonné.

Les couches de schiste et de calcaire talqueux supportent le dépôt tertiaire, et, sur toute la partie répondant au cap Corse, elles sont inclinées dans le même sens que lui. Au point de voisinage des deux formations, on trouve un conglomérat uniquement composé de roches talqueuses et serpentineuses, dont les fragmens sont d’abord fortement agglutinés, sans interposition bien apparente de ciment ; ce conglomérat prend peu à peu un aspect arénacé mieux déterminé ; et, après une étendue de 100 à 150 mètres, il se présente en couches bien stratifiées, empâtant de nombreux cailloux de schiste et de calcaire saccaroïde, et déjà sensiblement pénétrées d’un ciment de sable et de calcaire.

Au-dessus de ce conglomérat, on trouve des assises très régulières, d’un grès jaunâtre assez fin, mais peu solide.

Alors commencent les couches calcaires fréquemment mêlées de débris anguleux des roches talqueuses et serpentineuses, et chargées quelquefois d’une telle quantité d’oursins et de peignes brisés, qu’il en résulte une véritable brèche de fossiles. À ces premières couches succède un calcaire plus homogène et plus solide, très schisteux, et composé presque uniquement de petits fragmens blanchâtres de corps marins brisés et agglutinés. Enfin, les couches les plus élevées prennent un grain plus compact, et sont parsemées de cailloux arrondis, formés d’un porphyre euritique analogue à celui des montagnes du Niolo : ce sont ces débris qui, détachés de leur pâte par les eaux de la mer, couvrent le fond du golfe, et donnent une grève toute porphyrique à un rivage tout calcaire.

Je joins ici l’épaisseur approximative des couches de la coupe naturelle formée dans ce golfe par la fente de Barbaggio.

La pente de la Serra di Pigno, tournée vers Saint-Florent, est presque entièrement composée de schistes talqueux, d’apparences et de variétés très nombreuses ; à la base on trouve quelques couches de calcaire grisâtre, compact, fendillé en éclats adhérant l’un contre l’autre, comme à la suite d’une calcination incomplète, se liant aux schistes, et formant quelques éminences dans la plaine ; c’est sur cette base inclinée, de près de 3000 pieds de hauteur, que reposent les couches tertiaires suivantes :

1° 40 mètres d’un conglomérat composé des débris des Foches schisteuses, souvent en fragmens énormes ; la stratification est confuse ;

2° 8 mètres d’un conglomérat se liant insensiblement au précédent, mais d’une stratification déjà fort nette, et d’une pâte tantôt calcaire et tantôt sableuse ;

3° 12 mètres d’un grès jaunâtre stratifié et de texture homogène ;