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les détails que nous donnons sur les altérations manifestes subies par les grès carpathiques. En effet ces dernières roches sont non seulement décolorées et ça et là frittées, mais souvent encore les marnes sont réduites en roches jaspoïdes, comme le lias près du basalte, en Irlande (Lapos-Banya).

Ailleurs le porphyre empâte des fragmens de grès, de marne ou d’argile, comme le basalte traversant les grès bigarrés d’Allemagne (Nagy-Banya), et il va sans dire que ces débris sont plus ou moins modifiés.

Enfin les grès carpathiques participent même çà et là à l’imprégnation métallifère (Lapos-Banya), et lorsque l’altération a été portée à un haut degré, ces roches secondaires prennent des caractères tout particuliers de texture ou de porosité ; sous ce rapport on doit consulter notre description des environs de Vorospatak, et en général celle de tout le terrain arénacé environnant les porphyres en Transylvanie. On comprendra alors pourquoi des géologues justement célèbres ont si long-temps pris pour des grauwaches ou pour un terrain intermédiaire, des grès d’une époque secondaire si récente.

Comme dans les Apennins, le grès carpathique a été soumis, çà et là, à une grande altération ignée, qui s’est opérée lentement et qui a durci les roches, ou forcé leurs parties élémentaires à prendre en tout ou en partie un arrangement semi-cristallin. Les argiles schisteuses sont devenues des schistes grossiers ou des espèces de schistes siliceux, quelquefois même il s’y est déposé des filets de cinnabre, comme à Dombrava ; tandis que dans les Apennins, le voisinage des Serpentines y a donné lieu à la formation du cuivre natif. Les marnes sont passées à des roches jaspoïdes ou des schistes extrêmement grossiers, et les grès ont subi des modifications dont le terme extrême est un quarzite ou un grès quarzeux plein de druses à pyrites.

Vouloir nier ces faits par défiance des nouvelles idées, ou par crainte d’exagération plutonique, c’est fermer vraiment les yeux à l’évidence ; puisqu’à Nagy-Banya et à Felso-Banya, il est facile à chacun de s’assurer que les véritables roches à fucoïdes des Carpathes environnent ou recouvrent les porphyres, et s’enchevêtrent avec ces masses qui les coupent distinctement à Lapos-Banya. Ensuite on passe de ces roches, par des transitions insensibles, à celles qui enclavent les porphyres du sud-ouest de la Transylvanie, et qui sont pétries de pyrites aurifères, comme à Vorospatak. Dans cette localité, elles renferment même du bois bitumineux et le porphyre est sorti de la terre avec une queue ou une masse de débris des plus bizarres.

Il faut le reconnaître une fois pour toutes : jusqu’ici la série des dépôts plutoniques éprouvait une grande lacune entre les porphyres pyroxéniques postérieurs au terrain houiller ancien et les trachytes ; les porphyres siénitiques et quarzifères, souvent aurifères, ou au moins métallifères, sont venus combler ce vide, et, étant postérieurs au grès vert, ils servent à prouver que la nature a été agissante à toutes les époques par la voie ignée comme par la voie aqueuse.