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groupe du Fatra, et plus au nord-ouest, surgissent les granites entre Parnicza et Varin, tandis que des éruptions serpentineuses sont sorties à l’est autour de Dobsina. La direction des crêtes de ces montagnes contraste avec celle des chaînes dont je viens de parler, mais ce contraste est encore bien plus frappant, quand on leur compare les traînées de dépôts trachytiques qui se prolongent à peu près du nord au sud dans les groupes d’Eperies, du Matra, de Dregely, de Bude, et même de Schemnitz. Cette direction nord-sud se retrouve encore dans la grande chaîne trachytique, qui sépare, en Transylvanie, la vallée du Szecklerland du reste de ce pays.

D’une autre part, les groupes de montagnes porphyriques ont l’air de suivre une direction de l’ouest à l’est ou de l’ouest-nord-ouest à l’est-sud-ouest. Les montagnes de Schemnitz seraient, dans ce cas, ainsi que celles entre la vallée d’Ipoly et de Watz, et surtout les hautes crêtes qui séparent la Transylvanie du Marmarosh, et contribuent avec le grès carpathique à former de cette dernière province un bassin séparé. Enfin, les amas porphyriques du sud-ouest de la Transylvanie offrent aussi à peu près cette direction.

Pour achever l’énumération de toutes les chaînes de la Hongrie et de la Transylvanie, il ne me reste plus qu’à parler de celles qui séparent la Transylvanie de la Hongrie, du Bannat et de la Valachie, et qui forment de cette principauté un pays géographiquement et géologiquement bien circonscrit.

La chaîne valaque de la Transylvanie méridionale, quoique assez élevée, n’a pas de nom particulier ; certains auteurs lui ont donné celui de chaîne de Fagaras, parce qu’on peut bien juger de son étendue depuis le bourg de ce nom, situé dans une vaste plaine sur son pied septentrional. Cette chaîne de schistes cristallins court de l’ouest-sud-ouest à l’est-nord-est, ou comme les Alpes allemandes orientales ; elle forme des angles fort prononcés, soit avec la chaîne Moldave-transylvaine, soit avec celle qui limite la Transylvanie occidentale.

On pourrait se demander si cette chaîne ne serait pas une dépendance géographique ou même géologique de la branche centrale des Alpes méridionales, et si on ne devrait pas la considérer comme un des embranchemens d’une seconde bifurcation des Alpes dont l’autre crête serait formée par le Balkan.

Il est difficile de répondre affirmativement à cette question, tandis que l’état de nos connaissances nous force encore à beaucoup de réserve pour le classement de la chaîne schisteuse cristalline qui sépare la Transylvanie de la Hongrie et du Bannat. Cette chaîne, plus ou moins mal figurée sur toutes les cartes, commence dans le Bannat, diminue en largeur en allant du sud au nord, et court du sud-sud-ouest au nord-nord-est, ou au moins du sud-ouest au nord-est. On avait cru jadis qu’elle se prolongeait du Bannat jusqu’au Balkan par les confins de la Servie et de la Valachie, mais M. de Hauslab a rectifié cette erreur, et a trouvé qu’à un petit nombre de lieues au sud d’Orschova, sur le Danube, il n’y avait plus que des collines tertiaires.