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avoir été adhérente au continent pendant que se déposait la craie, et en était déjà isolée quand se sont formés les bassins partiels de l’argile de Londres et du calcaire grossier de Paris.

M. Brongniart, qui a décrit les traînées formées de ces débris roulés, depuis le haut plateau de la Scandinavie jusqu’à la mer Baltique, a observé qu’elles étaient généralement dirigées du nord-nord-est au sud-sud ouest ; qu’elles avaient laissé dans les roches, situées sur leur passage, les empreintes de leurs frottement, et que leurs blocs les plus volumineux occupaient la zone supérieure de ces longs amas. Il a aussi reconnu sur le plateau d’Uddevalla les érosions du courant diluvien qui a détaché et entraîné dans la même direction les roches basaltiques de son étage supérieur.

Deux observations non moins importantes ont été ajoutées par M. Razoumowski[1] : l’une, que ces blocs descendus de la Scandinavie se trouvent bien moins dans les plaines que sur les pentes septentrionales des collines germaniques ; l’autre, qu’il y a eu des émissions de ces blocs dont la direction est du nord-ouest au sud-est. La pluralité et la diversité des torrens diluviens Scandinaves est ainsi démontrée. Il en est de même dans toutes les autres régions. On ne saurait rapporter tous ces phénomènes à une révolution unique et universelle. Chaque contrée a eu ses bouleversemens ; et, dans les montagnes, chaque vallée a eu ses débâcles.

M. de Beaumont a fait cette remarque importante que, dans la plupart des vallées alpines, des blocs énormes font partie du dernier étage ou gradin qui surmonte le grand dépôt de cailloux roulés, et que celui-ci se trouve aussi quelquefois disposé en banquettes étagées sur les parois des vallées où s’était formé leur amas.

Des fragmens de roche anguleux s’y trouvent mêlés avec ceux qui ont été arrondis par les frottement. Ce mélange et le désordre de leur accumulation sont les caractères propres à faire distinguer, parmi les dépôts de comblement, ceux qui peuvent mériter le nom de diluviens. Toutes les époques ont fourni des exemples de ces dépôts d’inondation ou avalanches pierreuses, et il s’en produit encore tous les jours.

La disposition par gradins des amas supérieurs de ces terrains de transport de divers âges se rapporte évidemment aux mêmes causes, déjà exposées, au sujet de la stratification des cailloux roulés dans les bassins inférieurs.

Cette disposition ne se trouve point dans les amas dont le creusement par les eaux courantes n’a point été interrompu depuis le faite jusqu’à la base.

Quand, au contraire, le lit des torrens qui ont charrié et accumulé ces débris a subi des abaissemens périodiques proportionnels à ceux du niveau des mers ou des lacs l’époque de chacun de ces abaissemens se trouve en quelque sorte

  1. Ann. des sc. nat., t. XVIII, p. 133.