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cailloux, roulés qui a été déblayée par les courans avant qu’ils aient creusé leur lit dans les assises limoneuses et sableuses inférieures, sur lesquelles sont déposées les coquilles. Ce fait vient à l’appui du jugement qu’a porté M. Deshayes sur leur âge, en les classant parmi les fossiles les plus récens de la période tertiaire.

Les hauteurs relatives de la mer, et la mesure approchée de ses dépressions successives se trouvent indiquées par la situation des bancs coquilliers qu’elle a déposés aux embouchures des trois rivières du Tech, de la Tet et de l’Agly. J’ignore à quel horizon se trouvent les derniers, mais ceux de Banguls ne sont pas élevés de plus de 70 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ceux de la Tet, auprès de Nafiach, atteignent au moins la hauteur de 120 mètres.

Des ossemens d’anciens pachydermes ont été trouvés dans les sables voisins du lit de la Tet, mais à peu de distance de la mer et à plus de 60 mètres au-dessous de l’horizon des bancs coquilliers de Nafiach. Au demeurant, la différence d’âge qui semble indiquée par la position relative de ces bancs et de ceux du Tech, n’a pas été suffisante pour influer sur le renouvellement des espèces qui paraissent être les mêmes dans les deux dépôts.


§ VIII. Terrain de comblement du bassin septentrional.

L’immense amas de comblement qui borde au nord les Pyrénées françaises, depuis l’appendice des Corbières jusqu’à l’Océan[1], a été décrit par M. Daubuisson[2], et nouvellement par M. Boubée[3]. Le premier de ces observateurs l’a considéré comme un terrain de sédiment bien différent des autres dépôts tertiaires, quoique contemporain. L’autre y a vu un terrain de transport tellement récent qu’il l’a appelé post-diluvien. Ce dépôt limoneux et sableux s’élève au-dessus de la mer, à peu près à la même hauteur que celui du Roussillon, c’est à-dire à l’horizon supérieur de la mer tertiaire. Son épaisseur est au moins de 800 pieds auprès de Toulouse ; puisque dans la plaine, que ce dépôt surmonte d’au moins 200 pieds, un sondage de 600 pieds n’a pas achevé de la traverser. Cette expérience prouve aussi qu’à 50 lieues de la mer il s’enfonce de plus de 150 pieds au-dessous de son niveau.

Ce terrain se compose, comme en Roussillon, de limons argileux et sableux, de graviers et de galets quarzeux. Mais les limons y forment sur quelques points des couches argileuses et marneuses, puissantes et régulières, et les sables s’y trouvent agglutinés en psammites compactes assez semblables aux molasses.

  1. Ce bassin s’étend, à l’ouest, jusqu’à l’arête qui joint les Pyrénées aux Cévennes, et que l’Aude traverse entre Homps et Argens. Avant l’ouverture de ce défilé dans le calcaire secondaire, cette arête séparait le versant méditerranéen de l’océanique. Le point dominant est maintenant situé sur le plateau tertiaire et alluvial de Naurouse.
  2. Traite de géognosie, t. II, p. 310.
  3. Bulletin de la société de géologie, t. I, p. 146.