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On trouve des zéolites dans les trachytes, stilbite, chabasie, mésotype ; elles augmentent dans les phonolites, et sont surtout abondantes dans les basaltes.

Ainsi, d’une part, les alcalis diminuent, le protoxyde de fer et la magnésie augmentent.

D’une autre, l’amphibole et le feldspath diminuent, le pyroxène, le péridot et la mésotype augmentent.

Cette double progression croissante et décroissante est tout-à-fait d’accord avec l’ordre d’émission que la géologie nous a indiqué dans les roches du Cantal. Elles ne permettent pas de placer les phonolites ailleurs qu’entre les trachytes et les basaltes, liés qu’ils sont aux trachytes par l’abondance des alcalis, aux basaltes par la présence du protoxyde de fer comme élément essentiel.

Il me semble qu’on peut conclure de cet exposé que ce n’est point par des changemens brusques, par des renouvellemens complets qu’a procédé la nature sous le rapport chimique. Un accroissement ou une diminution de température, le remplacement partiel des alcalis par l’oxide ferreux ou la magnésie, voilà à peu près à quoi se sont bornées les variations internes qui ont rejeté à la surface de la terre des roches d’aspect si différent. C’est une chose tout-à-fait digne de l’attention des géologues qu’à des phénomènes mécaniques séparés par de longs intervalles de temps correspondent d’aussi faibles oscillations, des changemens si incomplets dans la nature des matières vomies. Si l’on réfléchit que d’autres roches, les trapps, les grunsteins se prêteraient aux mêmes considérations, et que l’on a observé des passages évidens des roches volcaniques aux roches dites primitives, on est tenté de croire que toutes les roches pyrogènes pourraient bien n’être que des modifications d’une même matière sous l’influence de circonstances qui nous échappent. Les travaux sidérurgiques et les recherches des chimistes nous donneront un jour la solution de ce problème intéressant ; car Leibnitz a dit avec raison : Natura magna ars est.



EXPLICATION DE LA PLANCHE XIV.

J’ai essayé de réunir dans une coupe tous les élément à moi connus de l’histoire du Cantal. Ce n’est pas arbitrairement que j’ai indiqué les filons ; les naturalistes qui visiteront ces montagnes retrouveront, en allant du Cantal au Puy-Griou, et de ce point à Peyrearse, au Puy-Mary et à Chavaroche, tous les affleurement indiqués sur la planche ; seulement, pour montrer la symétrie des accidens volcaniques, j’ai transporté dans le Puy-Chavaroche des filons phonolitiques qui se trouvent au Puy-Mary et à Peyrearse, en conservant, autant que je l’ai pu, leur niveau.

Les fragmens de calcaire empâtés dans les conglomérats du Puy-Mary et de Giou de Mamou, ainsi que les trachytes calcarifères du Gnou, indiquent la présence de quelques lambeaux tertiaires sous les assises volcaniques.

Les deux premiers plans sont des coupes, les arrière-plans sont en perspective, d’après une esquisse que j’ai prise sur les lieux.