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parties supérieures, soutenues par ces masses solidifiées, emprisonnées dans la voûte scoriacée, dont les avait recouvertes le froid atmosphérique, se sont refroidies lentement et ont pu prismer dans leur position inclinée. Quant à l’inclinaison des prismes, c’est un phénomène indépendant de la position dans laquelle les laves se sont congelées. Dans les filons de trachyte et de phonolite, comme dans ceux de basaltes, les surfaces de retrait ou de cristallisation sont toujours parallèles ou perpendiculaires aux salbandes, quelles que soient du reste la position et l’inclinaison du filon. La même cause a produit le même effet dans les coulées basaltiques. Il n’est donc pas nécessaire de recourir à des phénomènes étrangers aux habitudes de la volcanicité pour expliquer la position et la structure de ces roches.

L’éruption basaltique paraît avoir eu au moins deux périodes, bien distinguées par un changement dans les propriétés physiques et dans la composition des roches. M. Burat a fait voir avec habileté que les basaltes anciens étaient plus feldspathiques, formant ainsi passage aux phonolites et aux trachytes. Mais je suis incertain de savoir si je puis avec lui considérer les coulées modernes de Graveneire, etc., comme formant la seconde époque des basaltes. Peut-être les wackes, qu’il me paraît difficile de ne pas considérer comme des émissions basaltiques, malgré leur allure souvent singulière, appartiennent-elles à une époque d’éruption intermédiaire : c’est ce que me fait soupçonner leur position généralement indépendante des laves pyroxéniques modernes. Au reste, on sait que plusieurs géologues de l’Auvergne admettent trois époques basaltiques.

Les basaltes se sont étendus en coulées, élevés en dykes comme au Plomb, au Puy-Gros et à Bonnevie, ou injectés en filons : les dykes, par leur nature, paraissent appartenir aux basaltes anciens. Mais les filons sont de composition et d’aspect très variés, et probablement de plusieurs âges. Quelques uns ont une pâte d’un gris clair, un peu granulaire, et qui manque complètement de péridot. Quand la lave s’éleva par des fentes, elle possédait une température élevée. Elle aura fondu ses salbandes trachytiques, et le feldspath assimilé a chassé le péridot, comme cela est arrivé en beaucoup de points où les basaltes se trouvent en contact avec les trachytes. Au pied du Puy phonolitique de l’Usclade se montre un filon d’un basalte très pyroxénique, qu’on ne retrouve ni dans les coulées, ni dans les dykes du Cantal, mais seulement dans les conglomérats. On m’a dit en avoir vu, au-dessus du hameau de Benex, dans des conglomérats ignés traversés par un filon de phonolite, et ce fait lui donnerait une haute antiquité. Mais comme ce serait une anomalie aux lois qui paraissent avoir réglé l’ordre d’émission des roches, il faut, pour l’adopter, attendre un nouvel examen. Les filons de trachyte et de phonolite me semblent être sortis le plus souvent après les masses, et l’on conçoit en effet que ces grandes éruptions, en fracassant les terrains environnans, ont préparé la voie aux filons. Je suis donc porté par analogie à considérer ces filons comme postérieurs aux coulées. J’ajouterai que la