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pâteuse de ces roches. Mais je pense qu’elle a été le plus souvent bien moindre, et je me fonde sur le peu de développement des coulées que montrent les escarpemens intérieurs au sud du Chavaroche, au nord-est du Mary. Au Mont-Dore elles sont plus longues ; mais aussi les caractères des trachytes de cette localité, par l’homogénéité ou la demi-vitrosité de leur pâte, témoignent d’une fusion plus complète. On ne saurait donc arguer du peu d’extension qu’ont pris les coulées trachytiques, puisqu’il n’est pas démontré qu’elles possédassent la fluidité nécessaire pour s’étendre.

Malgré quelques anomalies, on peut dire que toutes les assises trachytiques qui forment le bord supérieur des escarpemens circulaires et la masse des Puys saillans au-dessus de ce bord, plongent de dedans en-dehors, c’est-à-dire dans le sens des arètes du cône, mais sous un angle plus grand (jusqu’à 10 et 12°), de sorte qu’en prolongeant par la pensée le plan de ces assises, on formerait un cône beaucoup plus aigu que le cône existant, et dont le sommet serait placé sur le même axe. Pour relever les assises trachytiques sous un angle de 7 à 8° pour produire un cratère de soulèvement de 4 à 5000 mètres de rayon, il a fallu une puissante poussée, et la matière qui a été l’agent de cette dislocation a dû nécessairement faire acte de présence dans la cavité centrale. Aussi a-t-on attribué ce rôle aux masses phonolitiques qui surgissent à peu près vers le centre du cratère. Elles forment plusieurs cônes plus ou moins surbaissés dont le Puy-Griou est le plus remarquable par son élévation et son allure élancée. Ces cônes, indépendans les uns des autres, sont rangés circulairement autour d’une petite dépression désignée comme plusieurs autres points du Cantal par le nom de la font du Vacher, et je crois qu’il y a erreur à les avoir confondus sur la carte en une seule masse. Dans les bois qui couvrent la pente de la font du Vacher, on voit le phonolite reposer sur les tufs trachytiques. Il y a donc tout lieu de penser que cette cavité est tout entière creusée dans ces tufs. D’après le mode d’action qu’on prête à ces masses phonolitiques, on s’attend à trouver autour d’elles des preuves flagrantes de soulèvement et de dislocation. Vous allez en juger.

Par suite de la formation des deux vallées intérieures où coulent la Cère et la Jordanne, le cratère est traversé par un puissant diamètre, qui partant de Bataillouse, passe sous les roches phonolitiques, et se relève pour former le Puy de la Poche. Un profil du revers oriental de ce contre-fort vous montre (planche XIX) les assises trachytiques plongeant sous les phonolites. Comment une force soulevant placée dans l’axe du Griou, et assez puissante pour relever sous un angle de 8° les masses énormes du Cantal, du Puy-Gros, de Chavaroche, etc., a-t-elle laissé inclinées en sens inverse de sa poussée des couches qui étaient en contact immédiat avec elle ? Ce n’est pas tout, les tufs et les conglomérats trachytiques sur lesquels se sont posés les cônes de phonolite, loin d’être bouleversés, présentent des strates toujours horizontales ou peu inclinées. Les lignes par lesquelles ces assises se distinguent dans les escarpemens ne peuvent appartenir qu’à des