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cratère que par des murailles d’une immense hauteur, dont quelquefois la crête suffit à peine au passage d’un étroit sentier. L’existence de ces minces parois me paraît une forte présomption contre l’hypothèse que je combats. S’il était vrai que les vallées du Mars, de la Rue, etc., eussent été ouvertes ou largement commencées par le soulèvement qui formait le cratère, n’est-il pas évident que d’aussi faibles murailles n’auraient pu rester debout, alors surtout que l’épanouissement du cône sollicitait la formation de profonds écartement, alors aussi que le mouvement de bascule éprouvé par ces assises ne pouvait avoir lieu que grâce à une grande résistance du massif extérieur. De ces considérations qui empruntent leur force aux lois de la mécanique, il résulte qu’on ne saurait admettre la formation simultanée d’un cratère de soulèvement et de vallées extérieures de déchirement sans communication avec ce cratère, ou plutôt qu’il n’y a pas eu de soulèvement circulaire général. Au reste, en cherchant à démontrer que ces vallées n’ont pas été ouvertes par une action susceptible de produire un cratère de soulèvement, je n’ai pas voulu, je me hâte de le dire, mettre en doute qu’elles doivent leur origine à des déchiremens ; il me semble même que cette origine est incontestable, même pour les partisans des causes actuelles, et M. Lyell en fournit une preuve remarquable « dans la grande crevasse de douze milles de long et six pieds de large, qui s’ouvrit sur le flanc de l’Etna, depuis la plaine de Saint Lio, jusqu’à un mille du sommet du volcan au commencement de la grande éruption de 1669. Peu après le sol se fendit encore en cinq endroits. » (La Bèche, Manuel de géologie, p. 158.)

Aucun de ces faits n’est contraire à l’hypothèse d’un cratère d’éruption. Les vallées intérieures et extérieures ont été produites par des crevasses, des éboulemens et des érosions postérieures à la formation du cratère. Mais on tire de la composition de ces vallées une objection importante. On a cru remarquer que le véritable trachyte en masse était concentré à l’origine des vallées et dans les escarpemens qui forment la grande enceinte circulaire ; disposition contraire à celle qu’auraient dû prendre des courans de lave descendus des bords du cratère. La vallée du Falgoux, qui, à la hauteur des Vaulmiers, ne présente que de puissantes assises de conglomérats, est citée à l’appui de cette objection. Il est vrai que dans cette vallée les trachytes ne paraissent pas dépasser le Puy Violent. Mais au nord-est ils descendent à moitié chemin de Murat, et presque jusqu’à Dienne à 5 et 7000 mètres du point de départ ; au sud ils se prolongent de plusieurs kilomètres à partir du Puy de la Poche, quoique tout ce massif soit couvert d’une teinte basaltique sur la carte de MM. Dufresnoy et de Beaumont, car je tiens de M. Bouillet, minéralogiste recommandable par son obligeance et par le zèle infatigable de ses recherches, que le Puy de l’Elancèze, qui s’élève au sud du Puy de la Poche, est comme celui-ci composé d’assises trachytiques. La coulée des trachytes pourrait donc s’être étendue à 4 ou 5000 mètres des bords du cratère, distance encore assez considérable si l’on tient compte de la nature