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Je ne m’arrêterai pas ici à examiner quelle est celle de ces suppositions qui présente le plus de probabilités, et à laquelle on doit accorder la préférence.

Que cette trituration des débris des chaînes secondaires se soit opérée dans un golfe ou dans un grand lac, il est évident qu’elle n’a pu avoir lieu dans le fond du val d’Arno, où l’on observe actuellement ce terrain meuble, mais bien dans une position plus élevée, c’est-à-dire sur le pied des montagnes du Casentino et de Vallombrosa.

En effet si la trituration de ce terrain meuble se fût faite dans la vallée actuelle de l’Arno, il ne présenterait pas une stratification en couches horizontales, et les ossemens intacts de mammifères ne seraient pas généralement ensevelis à la partie inférieure et moyenne de ce terrain meuble, dans une position régulière et constante. Ce dépôt n’aurait alors offert qu’un amas confus, avec des ossemens de mammifères roulés, et irrégulièrement placés dans toute son épaisseur.

La présence de ces ossemens intacts parmi ces cailloux roulés présente une anomalie qui porte à penser que l’ensevelissement des ossemens est postérieur à la trituration des cailloux ; car si les ossemens se fussent trouvés avec les débris des roches secondaires, lorsqu’ils ont été arrondis, les os seraient pour le moins aussi roulés que ceux-ci, pour ne pas dire davantage.

Puisqu’il faut nécessairement admettre la postériorité de l’ensevelissement des ossemens de mammifères à la trituration des cailloux, sur le pied des montagnes secondaires, il s’ensuit que les ossemens de mammifères, morts par une cause quelconque, auront été dispersés et répandus à la surface de ces cailloux et sur le flanc de ces montagnes.

Examinons actuellement ce qui se sera passé postérieurement aux causes qui ont opéré la trituration des débris des roches secondaires.

Le val d’Arno aura alors reçu des montagnes environnantes de nombreux affluens. Ces affluons auront d’abord entraîné des montagnes du Casentino, et déposé sur le fond du val d’Arno la couche d’argile bleue micacée inférieure qu’on y voit actuellement.

Vers la fin de ce dépôt argileux il y a eu des endroits dans lesquels se sont faits des dépôts tourbeux, et ont vécu des coquilles d’eau douce (lit du Castro). Avec les derniers sédimens argileux sont arrivés les ossemens de mammifères et des débris de végétaux qui y ont été ensevelis.

Après le dépôt des argiles bleues micacées, des affluens nombreux et puissans ont entraîné les cailloux roulés et sables qu’ils ont rencontrés sur leur passage, ainsi que les ossemens qui gisaient à la surface de ces cailloux, ou sur les pentes des montagnes, et les ont transportés et déposés ensemble dans le val d’Arno.

Le mode de dépôt de ce terrain de transport de seconde époque a été, ou brouillé (lit de Castro), ou stratifié (Monte-Varchi), suivant les circonstances accompagnantes, c’est-à-dire que quand l’intensité du courant a été assez grande