Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


N. IX.


DESCRIPTION


DU TERRAIN DE TRANSPORT A OSSEMENS


DU VAL D’ARNO SUPÉRIEUR (TOSCANE),


PAR M. CH. BERTRAND-GESLIN,
MEMBRES DE PLUSIEURS SOCIÉTÉ SAVANTES..



Cette vallée[1], si célèbre depuis longues années par la grande quantité d’ossement fossiles qu’on y a découverts et qu’on y découvre encore journellement, est le lieu en Italie où le terrain de transport se présente avec le plus de puissance, de netteté, et est le mieux circonscrit.

Aussi cette vallée a-t-elle, par ces motifs, attiré l’attention des naturalistes qui ont écrit sur l’Italie, plus que toute autre localité de même époque géognostique.

Je vais citer les principaux faits observés, et les principales opinions émises jusqu’à ce jour sur la formation de ce terrain meuble à ossemens.

Parmi les observateurs qui ont décrit cette localité, M. Targioni Tozzetti a le premier remarqué, en 1742 (Viaggi per la Toscana, t. VIII, p. 287 et suivantes), que les matériaux du terrain meuble à ossemens du val d’Arno supérieur étaient de même nature que les roches des montagnes environnantes ; qu’il n’y avait que des coquilles d’eau douce dans ce terrain, et non des coquilles marines, comme dans celui du val d’Arno inférieur.

Il pense que le val d’Arno supérieur a été jadis un grand lac dans lequel les affluens fluviatiles ont déposé les cailloux roulés, les sables et les argiles ; et que ces dépôts ont cessé dans cette vallée, lorsque les eaux de ce lac ont coupé la digue de Regnano. Quarante-sept ans plus tard, en 1789, les observations que M. Soldani fit dans le val d’Arno supérieur l’ont conduit à émettre sur l’origine du terrain meuble de cette vallée les mêmes idées que M. Targioni. (Testacæographiæ ac zoophytographiæ parvæ et microscopique, p. 118, chap. XVI, tome 2).

Après de si justes et si précises opinions, il paraît surprenant que M. Dolomieu, en 1791, ait regardé le terrain meuble du val d’Arno supérieur comme de même nature et de même formation que celui du val d’Arno inférieur et des

  1. Voyez la Carte, planche XIII.