Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Résumé et considérations théoriques.

Telles sont les observations que j’ai pu recueillir sur la chaîne du mont Liban ; pour en faire un résumé succinct, je crois pouvoir dire qu’il y a dans le Liban trois terrains distincts. 1° Le plus supérieur des trois est en général formé d’un calcaire variable en aspect et en dureté, alternant avec des marnes calcaires : sa partie supérieure, composée d’un étage de calcaire et d’un massif marneux, qui ne contient pas de silex ; sa partie moyenne, formée d’alternatives de calcaires de diverses duretés, en strates ordinairement peu épais, renferme du silex en lits et en nodules ; des oursins, à peu près dans les couches moyennes, et des poissons dans sa partie inférieure. Les assises les plus basses, formées de nouvelles alternatives de calcaire caverneux et de marnes, offrent beaucoup de silex. Je ne pourrais préciser exactement le nombre des alternatives de marne et de calcaire, que je crois variables.

2° Le second terrain est sablonneux, d’une épaisseur variable ; entre lui et le précédent, il y a un certain nombre de strates calcaires, jaunes, siliceux, et une couche bien distincte de calcaire caverneux, au-dessous de laquelle la roche devient de plus en plus sablonneuse, jusqu’à ressembler à un grès plus, ou moins dur. Il est très ferrugineux, contient des minerais de fer et des gîtes de lignites.

3° Le troisième terrain, le plus inférieur qui paraisse dans le Liban, est formé de nombreuses assises de calcaire caverneux, dont les supérieures contiennent du silex ; j’ai décrit précédemment ses caractères[1].

Comme les pentes des deux versans, les couches de chaque côte sont toujours fortement inclinées, excepté au sommet, où elles sont généralement horizontales. Dans les crêtes subordonnées, elles ont une tendance à s’incliner comme les flancs des montagnes. Depuis le n° 1 jusqu’au n° 5 (pl. XII, fig. 5), les couches se recouvrent successivement ; les n° 6, 7, 8, quoique plus superficiels que le n° 5, ne le recouvrent pas, mais semblent avoir été écartés pour laisser passer les autres ; c’est le n" 5 qui a été porté à la plus grande hauteur ; c’est lui qui forme le sommet de toute la chaîne.

Pour expliquer la formation de ces montagnes, l’hypothèse la plus plausible est celle d’un soulèvement, d’un effort qui se serait fait suivant une ligne parallèle à la chaîne, sans coïncider tout-à-fait avec son axe, de manière que la ligne de brisement des couches, ou celle de l’angle formé par les plans des couches inclinées de chaque côté, se trouve un peu à l’ouest de l’axe de la chaîne. L’effort a été plus étendu en largeur, vis-à-vis du Sannine ; il s’est fait sur un espace

  1. En comparant les échantillons de roches et de fossiles envoyés par M. Botta, avec la collection des pays plus anciennement et plus complètement étudiés, il paraît à peu près certaiu que ces trois étages du Liban correspondent au terrain crétacé inférieur, au grès vert, et au calcaire jurassique supérieur. A. B.