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bâti Bicherré, et enfin, au-dessous en stratification presque horizontale, mais cependant plongeant un peu de l’O. à l’E., on voit sortir la formation calcaire jurassique inférieure, celle qui supporte toutes les autres ; je ne l’ai vue que de loin, mais elle paraît avoir les mêmes caractères qu’au Sannine ; son aspect caverneux et ruiné est tout aussi remarquable.

En partant de Bicherré on monte peu à peu pour arriver aux cèdres. Ces arbres célèbres sont situés dans une petite plaine montueuse dont le sol paraît formé des débris des diverses roches qui tombent du sommet du Liban dont les branches entourent cette plaine de manière à former un fer à cheval ouvert au N.-O. De cette plaine part une vallée très profonde nommée la vallée de Cannobine ; l’on y voit, comme à Bicherré, mais confusément à cause des immenses amas de débris, le passage du terrain calcaire au sablonneux. Dans cette plaine on reconnaît toutes les mêmes variétés de pierres qu’au Sannine. Il s’y trouve aussi des roches que je n’ai pas rencontrées sur cette montagne. Des cèdres jusqu’au sommet du Liban on monte encore pendant une heure. Ce sommet n’est qu’une crête fort étroite sans aucun plateau. Les roches qui le forment sont tout-à-fait semblables à celles qui forment le haut du Sannine ; on y retrouve les mêmes silex dans les pierres calcaires, des calcaires en partie magnésiens, des boules de carbonate de chaux, des oursins en grand nombre, des bivalves, des sphérulites, etc. La stratification m’est restée inconnue quoiqu’elle paraisse devoir être horizontale. Mes échantillons n’ont pas été pris à l’étage le plus supérieur, car on ne passe pas le Liban à son point le plus élevé ; la couche de laquelle ils proviennent est, je crois, plus dure que les autres ; elle se continue et fait saillie dans tout le pourtour du fer à cheval que forme le sommet. Elle est au reste surmontée par des roches qui de loin paraissent les mêmes que celles qui lui sont inférieures. Au-dessous de ces dernières ont été pris les échantillons n" 2, qui offrent un calcaire blanc, schisteux, dont quelques strates sont d’un gris noirâtre comme ceux du Sibaïl.

À peine a-t-on commencé à descendre de l’autre côté du Liban que l’on voit des couches verticales ou fortement inclinées comme le penchant de la montagne, c’est-à-dire plongeant de l’ouest à l’est ; tels sont les échantillons no 3. Elles sont argileuses, peu solides, en strates minces, et contiennent des boules de carbonate de chaux qui, plus dures, saillent à la surface tendre du calcaire. L’inclinaison de cette couche est probablement due à un accident. Plus bas on rencontre de nombreux strates, presque verticaux, de calcaire dur qui se subdivise en petits fragmens ; tel est l’échantillon no 5.

Ce calcaire, avec des alternatives de calcaire blanc argileux compacte, continue jusqu’au bas de la descente, toujours avec une inclinaison très forte. En bas on trouve des couches horizontales ondulées de calcaire, à forme fragmentaire, en bancs puissans. Celui-ci ne fait déjà plus partie du système du