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long-temps sur le même terrain qui forme une grande épaisseur de montagnes.

C’est dans un des derniers étages de ce terrain inférieur à celui où l’on trouve les oursins, que se voient les poissons fossiles de Hakel. Ce lieu est dans une vallée profonde située à une grande hauteur au-dessus de la mer ; car il faut monter pendant six heures pour y arriver, et les nuages la parcourent. Le gîte des poissons est sur la pente, à droite en montant au-dessus du village ; il y a en cet endroit un désordre considérable ; les couches varient beaucoup dans leur direction et leur inclinaison ; les flancs de la montagne sont couverts de débris, et c’est dans qu’on trouve les poissons. Je n’ai pu parvenir à l’endroit d’où ils proviennent ; mais il doit être à une fort petite distance au-dessus du point où j’étais. Ces débris sont formés de couches minces feuilletées, exhalant par la cassure une forte odeur d’hydrogène sulfuré ; elles contiennent des lits irréguliers de silex, ou plutôt de calcaire siliceux qui renferment eux-mêmes des poissons. On y trouve aussi des boules de carbonate de chaux.

Le gisement de ces poissons diffère par tous ces caractères de celui dont j’ai parlé précédemment, et, selon moi, il lui est supérieur, l’autre se trouvant plus rapproché du terrain sablonneux ; les espèces de poissons sont d’ailleurs toutes différentes, ainsi que leur disposition dans la roche et la nature de celle-ci.

De Hakel, pour regagner le bord de la mer, on marche vers l’O., ou l’O.-N.-O. ; on rencontre donc des couches de plus en plus superficielles. À une heure de distance de ce village, mais toujours dans le même terrain, j’ai trouvé un oursin, ce qui a confirmé mes conjectures sur l’identité de celui-ci et de celui du Sannine. J’y ai trouvé aussi des fragmens d’une roche entièrement semblable, pour la forme des gryphées qu’elle renferme, à celle qui se trouve sur le sommet même de cette montagne. On y voit encore des vestiges imparfaits d’Ammonites.

En avançant toujours vers la mer, on quitte subitement le terrain du Sannine, et l’on arrive sur un calcaire argileux (échantillon no 2) d’une grande blancheur, à couches minces, se subdivisant en petits fragmens quadrangulaires ; il ne contient pas de silex ; sa stratification est inclinée d’environ 45° et plonge de l’E.-S.-E. à l’O. -N.-O. Ce calcaire à une assez grande épaisseur, et forme de hautes collines à flancs raides couverts de débris dont la blancheur fatigue la vue. Sa superposition au dernier terrain dont j’ai parlé est on ne peut plus évidente, et par conséquent il est supérieur à tous ceux que nous avons vus jusqu’ici.

En marchant le long de la côte vers Tripoli, la direction des couches croise un peu celle de la côte ; on entre bientôt sur de nouveaux terrains ; on quitte le calcaire argileux précédent, et on rencontre celui qui le recouvre. Ce sont des bancs puissans d’un calcaire (échantillon no 1), fortement incliné comme le penchant de la montagne, dur, compacte dans quelques points, fragmentaire