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sont généralement profondes, étroites, à flancs très escarpés ou taillés à pic, et toujours hors de toute proportion avec les ruisseaux qui les parcourent. On ne remarque pas de correspondance entre les angles saillans et rentrans, ce qui cependant a lieu quelquefois ; mais c’est alors une exception à la règle générale, et plutôt l’effet du hasard que celui de la cause première.

Les montagnes qui séparent ces vallées sont ordinairement comme des tranches irrégulières dont la crête seule est un peu arrondie ; ce qui dans plusieurs endroits paraît être dû à la nature du terrain. Dans quelques autres points on voit le penchant d’une montagne formé par une seule couche du terrain qui monte peu à peu pour se terminer brusquement à un escarpement. En général tout présente l’aspect d’un bouleversement extraordinaire, et plus d’une fois j’ai été sur le point de me rebuter dans mes recherches à l’aspect du chaos au milieu duquel j’avais à observer.

Les cours d’eau qui arrosent la chaîne du Liban sont peu considérables. La plupart ne sont que des torrens à sec pendant l’été. Quant à ceux qui durent toute l’année, ils sont baucoup moins nombreux du côté de la plaine que du côté de la mer. De ce dernier côté l’on remarque le Nahr el Kelb ou fleuve du Chien, formé par la réunion de la rivière de ce nom avec le Nahr el Salib, et qui se jette dans la mer environ à trois lieues au nord de Beirout. Je ne puis m’empêcher de faire remarquer l’erreur de tous les géographes sans exception : ils font déboucher le Nahr el Salib, tantôt seul dans la mer, tantôt dans la rivière de Beirout, tandis qu’il se réunit au contraire bien positivement au fleuve du Chien. Pour m’exprimer plus exactement, le Nahr el Salib va jusqu’à la mer, à peu près au sud d’Antoura ; il reçoit une source considérable qui sort en partie à quelques pas de son bord, en partie dans son lit même, et il prend alors le nom de fleuve du Chien. Au nord de celui-ci on trouve le Nahr Ibrahim, puis la rivière de Tripoli, sans compter beaucoup d’autres ruisseaux plus ou moins considérables. Du côté de la plaine, je n’ai vu que trois sources un peu remarquables ; la plus forte est celle qui se trouve à Zahlé.


Structure géologique de la chaîne.

Je commencerai par décrire successivement les couches depuis le bord de la mer jusqu’au sommet du Sannine ; je dirai ensuite ce que j’ai remarqué dans mon voyage au mont Liban et dans la plaine ; puis je tâcherai de réduire tous les faits que j’ai observés à un système qui soit applicable au plus grand nombre de cas possible.


Coupe depuis le rivage jusqu’au-delà du Sannine.

Dans tout le Liban la nature du terrain est essentiellement calcaire. Sur le versant occidental de la montagne, la stratification est fortement inclinée, presque verticale même dans quelques endroits. La direction générale des couches est du N.-N.-E. au S.-S.-O., et elles plongent fortement vers l’O.-N.-O. ;