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N° VIII.


OBSERVATIONS


SUR LE LIBAN ET L’ANTILIBAN,


PAR M. P.-E. BOTTA FILS[1].



La chaîne du Liban commence près de Lataquie, court à peu près nord et sud, en formant un léger arc de cercle ouvert à l’est. Elle s’élève insensiblement jusqu’au mont Liban proprement dit, qui est au nord la partie la plus haute ; de là elle baisse un peu pour se relever au Sannine, qui paraît au sud le point le plus élevé ; elle se continue par Djebel el Keniset et Djebelel Scheikh, en baissant peu à peu, et en se contournant à l’ouest pour venir finir auprès de Saïde. La partie de ces montagnes que j’ai eu l’occasion d’étudier est celle qui est comprise entre le Liban et le Sannine.

La pente générale depuis la mer jusqu’au sommet est très rapide, surtout vers le Liban, qui est plus rapproché de la côte. Elle l’est encore plus du côté de la plaine de Beqquâa ; ce n’est pour ainsi dire qu’une muraille dont l’épaisseur est peu considérable, car je ne crois pas qu’elle soit, en ligne droite, de plus de quatre ou cinq lieues ; et elle est probablement encore moindre dans quelques endroits. Du côté de la mer surtout, vis-à-vis du Sannine, il y a plusieurs lignes de montagnes qui s’élèvent irrégulièrement les unes au-dessus des autres. Du côté de la vallée il n’y en a qu’une seule ; on ne descend qu’une pente extrêmement escarpée ; puis on traverse encore quelques collines peu élevées avant d’entrer définitivement sur le terrain plat qui sépare le Liban de l’Antiliban. Le sol de cette plaine doit lui-même être beaucoup au-dessus du niveau de la mer, et son élévation me parait au moins égale au tiers de la hauteur totale de la chaîne.

Je n’ai aucune donnée certaine sur cette hauteur totale ; on suppose 1,500 t. au Liban, ce qui paraît exagéré. Au mois d’août il ne reste plus de neige sur le Sannine ; elle dure toute l’année sur le Liban, mais seulement dans quelques endroits un peu abrités du soleil et dans quelques vallons, où elle a pu s’amasser.

La forme générale de la montagne est celle d’une crête à penchant fortement incliné du côté de la mer et presque vertical du côté de la plaine. La plus grande irrégularité règne dans les détails, et je ne pourrais pas dire qu’il y ait un système dans la forme et la direction des vallées qui sillonnent les versans. Elles

  1. Ce naturaliste, fils de l’historien italien, est maintenant entré au service du pacha d’Égypte, pour pouvoir étudier plus aisément les contrées d’Asie et d’Afrique soumises à ce vice-roi.