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comme une variété de l’espèce précédente, d’autant plus que dans une autre partie de feuille trouvée dans le même terrain, et que je n’ai pas figurée, il y a entre ces différences extrêmes un passage intermédiaire. Ce sont ces feuilles que les carriers nomment feuilles de vigne ; Breislak, d’après le professeur Moretti, les regarde comme étant des feuilles de l’Acer platanoïdes, auxquelles en réalité elles ne sont pas du tout conformes ; dans l’Acer platanoïdes, en effet, les feuilles ont une circonférence arrondie ; elles sont partagées en cinq lobes aigus à grandes dentelures inégales et alongées en pointe ; une nervure s’étend de la base à chacun des lobes, ce qui fait que la feuille a exactement cinq nervures. Ces caractères ne conviennent pas du tout à notre feuille ; et puisque je ne trouve pas dans ce genre d’espèce qui lui corresponde, je l’appellerai Acerites ficifolia, caractérisée par la description spécifique suivante : Acerites Joliis ambitu cordato-ovatis tri vel triplinerviis ; lobis obtusis sinuato-dentatis ; dentibus, rotundatis, lobo medio productiore subtrilobo.

La feuille dessinée fig. 3, pl. X, si l’on faisait attention à la forme alongée en pointe de ses lobes avec les deux latéraux plus petits, ainsi qu’à sa prolongation en cône vers la base, pourrait rappeler la feuille du véritable Acer creticum de Linné, qu’il ne faut pas cependant confondre, comme il est arrivé bien souvent, avec l’espèce décrite et figurée sous ce même nom par Prosper Alpin, qui l’indique comme provenant de l’île de Crète, laquelle espèce est actuellement connue, d’après Smith, sous le nom de Acer obtusifolium. Mais la forme de la feuille fossile est plus prolongée en forme de cône vers la base, et enfin tout-à-fait intègre dans sa circonférence, tandis qu’elle est toute dentelée dans l’Acer creticum de Linné. Ainsi, j’établis notre espèce avec cette définition : Acerites elungata foliis ambitu oblongis, margine integerrimis, trilobatis, lobo medio magis elongato, basi cuneatis.

Je ne chercherai pas non plus en dehors du genre Acer la feuille indiquée fig. 6, pl. XI, dans lequel doivent la faire placer, et sa forme palmée à cinq nervures, qui est la plus fréquente dans ce genre, et son association avec d’autres plantes appartenant au même genre. Pour la forme, on peut la placer entre l’Acer dasicarpon et le rubrum ; mais elle en est différente à cause de ses lobes tout-à-fait entiers. Je l’appellerai Acerites integerrima, distinguée par la phrase spécifique suivante : Acerites integerrima. Foliis ambitu subrotundis palmato cordatis, lobis lanceolatis integerrimis. Dans la feuille représentée fig. 3, pl. X, on voit de suite l’aspect qu’ont en commun un grand nombre d’espèces du genre Alnus ; au défaut des caractères génériques supplée la très grande ressemblance que présente cette feuille avec celles de l’Alnus suaveolens, espèce trouvée il n’y a pas long-temps en Corse par Requiem, et à laquelle on peut avec la plus grande probabilité la rapporter. Il ne faut pas prétendre voir conservées dans une feuille fossile ces fines dentelures qui en finissent le contour sur le vivant : dans des points cependant, il s’en conserve encore quelques traces assez sensibles pour qu’on puisse