Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’étendent les bois de Vermand, rien n’a pu s’ébouler par-dessus lui, et cacher sa superposition aux couches de la formation de lignite ; superposition qu’on cherche souvent sans succès sur les flancs de tertres plus élevés, et sur lesquels les couches sableuses inférieures du calcaire grossier ont conservé un plus grand développement.

Il est évident, d’après cette coupe, que le dépôt de lignite, en supposant qu’il n’y en ait qu’un seul, appartient au terrain tertiaire inférieur qui constitue les tertres épars çà et là sur la surface des plateaux de la Picardie et de la Champagne septentrionale, et non au dépôt-meuble de l’étage tertiaire moyen, qui constitue le sol d’une partie de ces mêmes plateaux, et qui enveloppe la base des tertres qui les surmontent. Je n’ai jamais observé dans ce dépôt-meuble la moindre trace de lignite.

Les observations que je viens de rapporter, et les conséquences qui me paraissent s’en déduire, ne conduisent pas en elles-mêmes à préjuger qu’il n’existe pas dans le Soissonnais de gîtes de lignites intercalés dans les assises moyennes ou supérieures du calcaire grossier ; gîtes qui correspondraient, par exemple, à celui dont M. Desnoyers a signalé l’existence dans les carrières de Vaugirard. Peut-être un jour découvrira-t-on un pareil dépôt de lignites ; mais il me semble que de fortes considérations s’opposent à ce que l’on considère les gîtes de lignites non recouverts qui ont été observés jusqu’ici dans le Soissonnais, et en partie décrits, comme se trouvant dans ce cas, et qu’on est au contraire conduit à les rapporter au même étage que les lignites des bois de Vermand. Passons en effet en revue quelques uns de ces gîtes de lignites qui aujourd’hui sont à découvert, et qui, pour le dire en passant, pourraient bien n’avoir été mis dans cet état que par l’effet d’une dénudation opérée par les courans diluviens, à la suite d’un grand mouvement du sol.

La craie se relève fortement au nord de Compiègne, pour former le coteau de Marigny et quelques autres qui lui sont contigus. La hauteur remarquable qu’elle y atteint est dans un rapport évident avec celle à laquelle se trouve aujourd’hui porté le calcaire grossier qui constitue le plateau élevé et les flancs abruptes du mont Ganellon. Ce relèvement de la craie et des couches tertiaires est comparable à celui qui amène de même la craie au jour dans le bassin de Beaumont-sur-Oise et de Chambly, et dans la vallée de Vigny (Seine-et-Oise) ; et il est bien remarquable de voir que ces trois points sont presque exactement sur une même ligne droite, tirée parallèlement à la chaîne principale des Alpes (du Valais en Autriche), et dont le prolongement irait traverser la contrée volcanique des bords du Rhin.

En s’avançant de la côte de Marigny vers le nord et le nord-ouest, on voit la craie s’abaisser à peu près suivant la même progression que les couches tertiaires, qui finissent par la cacher entièrement, ou du moins par ne la laisser paraître que dans quelques vallées.