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N" V.


OBSERVATIONS


SUR L’ÉTENDUE DU SYSTÈME TERTIAIRE INFERIEUR


DANS LE MORD DE LA FRANCE,


ET SUR LES DÉPÔTS DE LIGNITE QUI S’Y TROUVENT,


PAR M. L. ÉLIE DE BEAUMONT.



La dénomination de bassin tertiaire de Paris, dans l’acception qu’on lui donne assez généralement, entraîne le plus souvent avec elle l’idée d’un dépôt circonscrit vers le nord et le nord-est par le terrain crétacé. On sait que la craie se montre dans la plupart des vallées du nord de la France, et que le canal de Saint-Quentin franchit la ligne de partage entre les eaux de la Somme et celles de l’Escaut dans un long souterrain creusé en entier dans la craie : cette circonstance semble confirmer au premier abord l’idée à laquelle je viens de faire allusion.

Il est certain en même temps que si des environs de Gisors et de Chaumont on se dirige vers Épernay, en passant par Beaumont-sur-Oise, Clermont en Beauvoisis, Nesle, Ham, La Fère, Laon, Craone et Reims, on marche sur la limite de deux contrées assez distinctes l’une de l’autre, et qui constituent, à certains égards, deux régions physiques différentes dans leur état actuel, mais dont il est aisé de voir cependant que les différences analysées en détail, n’indiquent pas que le bassin tertiaire de Paris ait été limité ainsi qu’on a paru le supposer. En suivant cette ligne courbe, on laisse à droite en la circonscrivant une vaste étendue de calcaire grossier non recouvert, formant des plateaux élevés, terminés par des pentes rapides d’un aspect et d’une composition constante. On laisse au contraire à sa gauche une suite de plateaux, généralement beaucoup plus bas, qui, lorsqu’ils ne présentent pas à découvert la surface de la craie ou la tranche des terrains carbonifère et ardoisier de la lisière des Ardennes, ne sont formés le plus souvent que par un dépôt meuble qui fait continuité avec le grand dépôt de l’étage tertiaire moyen qui recouvre une partie considérable de l’intérieur de la France ; mais au milieu de ces plateaux moins élevés on aperçoit quelques tertres plus ou moins étendus, formés de sables analogues à ceux qui affleurent à la base des plateaux élevés de calcaire grossier dont je viens de parler tout à l’heure. Ces tertres, malgré leur isolement actuel, sont des traces évidentes de la prolongation primitive des assises tertiaires inférieures.