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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

chère. L’intérieur du château n’est pas en état d’être jugé ; les portes de Mahogony sont très magnifiques, les vitres ont un yard de long ; tout dit que l’argent n’y a point été épargné ; mais tout accuse le goût, je dirais plutôt le bon sens du propriétaire. Il y a huit ans que les improvements sont commencés et il y a encore vingt ans de travaux ; du reste, point de park, point de pleasure ground. Les entours du château ne sont nullement soignés, et c’est d’autant plus à regretter que les arbres d’alentour sont magnifiques, quoiqu’ils ne soient pas éloignés de la mer de plus d’un mille. Pour finir comme j’ai commencé, cher papa, j’ai été very much disappointed. — Après cela, j’ai à vous remercier de votre lettre de la Saint-Barthélemi, pleine de conseils sur ma négligence supposée, ce qui commence à m’offenser un peu : comment ? mon exactitude accoutumée ne me vaut pas un peu d’indulgence ! comment ? les torts d’un maudit country post me sont tout d’abord imputés ! cela est-il juste, je vous le demande ? — Que diable faisons-nous à Felpham ? Ma foi, je n’en sais rien, si ce n’est que nous nous y ennuyons. — Adieu, je t’embrasse.



Felpham, jeudi 28 août 1800.

Je vous ai quittée avant hier, ma bonne maman, pour aller dîner à Arundel et voir le château qui m’a extrêmement désappointée : point de grandeur, point d’éclat, la magnificence qui y règne est entièrement dans les détails. Figurez-vous un bourgeois voulant avoir un château sur le plan de celui des Howard, voulant l’embellir de tout le gaudiness que son mauvais goût peut suggérer, mais n’épargnant aucune somme d’argent et