Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome V 1923.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.
24
MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

cueil de son fils fût conduit directement de Neuilly à Dreux. Elle céda enfin pour la cérémonie de Notre-Dame ; mais il fut impossible de lui enlever un seul de ces jours du mois de juillet qu’elle avait tout d’abord réclamés.

Vainement, on lui représenta les souffrances de tous les siens ; vainement, on l’alarma sur la santé du Roi. Pour la première et la seule fois de sa vie, l’excès de son malheur la rendait égoïste.

À la vérité, la nécessité des affaires ayant forcé le Roi à s’en occuper, il y trouvait une assez puissante distraction pour permettre à la Reine de rentrer en possession de la plénitude de son désespoir.

L’arrivée de madame la duchesse d’Orléans, accompagnée de ses deux belles-sœurs et précédée de celle de ses enfants, avait accompli la réunion de la famille royale. La force d’âme de la princesse se déployait dans cette circonstance et soutenait sa débile santé.

Elle avait accompli son cruel voyage mieux qu’on n’osait l’espérer, et, loin de vouloir du repos en arrivant à Neuilly, elle ne cherchait que de nouveaux déchirements en visitant la chapelle, et en sollicitant des détails sur l’horrible catastrophe qui détruisait son bonheur d’une façon si imprévue.

Avant de prendre la route de Plombières, la princesse Clémentine avait remis au Roi des papiers confiés à ses soins par monsieur le duc d’Orléans. C’étaient plutôt des notes qu’un véritable testament.

La première se trouvait datée de 1832, lorsqu’il était parti pour le siège d’Anvers. Avant d’entreprendre de grands voyages, de nouvelles campagnes, aussi bien qu’en devenant époux et père, il avait ajouté d’autres instructions et conservé l’usage de les déposer dans les mains de ses sœurs.

La princesse Clémentine en était restée la dernière