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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

me mettait. Adieu, chers, encore. J’espère que la route de Vérone mène à Londres. — Je vais déjeuner avec mademoiselle de M. et partirai de chez elle.



Innsbruck, dimanche de Pâques 13 avril.

Vous voyez, mon cher papa, que, depuis hier que j’ai fermé ma lettre, à onze heures, à Munich, nous n’avons pas arrêté de faire du chemin. Pendant les cinquante premiers milles, la campagne est superbe et j’en ai joui autant qu’une pluie à verse me l’a permis. D’ailleurs, comme nous sortons à peine de l’hiver et qu’il n’y a pas encore une feuille d’aucune espèce, vous comprenez que le paysage doit y perdre. Les soixante derniers milles sont tout simplement fort laids. C’est un corridor étroit entre deux montagnes à pic et pelées. Quant au chemin, il me paraît un chef-d’œuvre pour la manière dont il est établi : on passe les montagnes les plus hautes très facilement ; la frontière d’Autriche est défendue par un mur arrangé en batterie assez ridiculement. — Voilà le souper, après lequel je vais prendre le parti de la retraite, immédiatement. Adieu, pour ce soir, chers amis ; Je suis fatiguée comme un chien.


Lundi matin, à Innsbruck.

Je voudrais pouvoir expédier ma lettre d’ici afin qu’elle vous parvint par le packet boat qui suivra immédiatement celui qui portera ma dernière lettre de Munich. Je vais donc vous raconter à la hâte tout ce que j’ai à vous dire et qui se borne à peu de choses ; car, à force