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CORRESPONDANCE

et l’agitation où me tient l’état de maman, le désir de ne point faire une fausse démarche me fouettant le sang encore plus. Au reste, je ne suis pas seule changée. Monsieur de B., depuis son départ, est vieilli de dix ans. Il est cassé. Il a un rhume qui dure depuis Copenhague, et il y a d’autres circonstances qui me le font trouver peu bien ; par exemple, il a la fièvre deux ou trois fois par semaine. — Tout le monde me flatte de l’espoir que mes lettres arriveront aujourd’hui, mais je ne les attends que demain et, si je n’en ai pas, je crois que je deviendrai folle. — Ne serait-il pas possible que le vésicatoire appliqué sur la poitrine ait, pour une raison quelconque, produit cet abcès ? Je me creuse la tête nuit et jour pour arriver à comprendre votre lettre extraordinaire et j’espère que, demain, j’aurai des nouvelles du 14. — Dieu vous garde des vilains rêves, mon cher papa ; c’est un de mes supplices depuis cinq mois ; ils me laissent une oppression, une tristesse que les réflexions ne font qu’accroître. — Il ne faudra pas vous attendre que je vous dise ce que je pense de ces princesses qui, sûrement, sont des pécores, tout en une fois. J’entrelarderai mes lettres de vers à leurs louanges. — Adieu, mes chers, bons amis ; vous savez combien vous m’êtes chers et combien votre bonheur est nécessaire au mien ; je ne pense qu’à vous ; je ne vis que pour être serrée dans vos bras. Mille amitiés à mon frère. A-t-il oublié Adèle ? J’espère que non. Vous me mandez qu’il est bien bon garçon ; je l’en remercie au nom de tous.



Munich, le jeudi 10 avril.

Enfin voici des lettres, depuis le 15 février jusqu’au 25 mars. Les dernières, comme vous voyez, sont assez