éprouvés de ma vie. On m’a apporté plusieurs lettres de chez monsieur Gossler où j’avais envoyé en débarquant. Celle de la divine à monsieur de B. était, selon sa louable coutume, adressée par la main d’autrui. J’ai cru reconnaître celle de l’abbé ; j’ai tremblé ; j’ai pressé monsieur de B. de l’ouvrir. Oh, joie ! j’ai reconnu le griffonnage inimitable ! Alors j’ai eu le courage de briser le cachet des lettres de l’excellent papa où j’ai trouvé quelque consolation. — J’ai fait cinquante milles anglais aujourd’hui. Je suis horriblement fatiguée. — À demain, mes adorés amis ; je vous réunis tous, ah, tous ! pour vous embrasser comme je vous aime ; en vérité, c’est beaucoup.
Je ne vous ai point écrit en route, ma chère maman, pour plusieurs raisons ; mais celle qui a ajouté de la force à toutes les autres était la certitude que je ne pouvais pas vous donner de mes nouvelles parce que j’allais aussi vite que la poste. — Parlons d’abord de notre correspondance. Vos lettres me sont parvenues bien inexactement et, d’après le calcul que j’ai fait, il m’en manque encore cinq ; mais, depuis le 7 janvier jusqu’au 31 (qui sont les dernières malles), je tiens journal exact. — Que je suis fière de l’approbation de mes respectables amis ! ah oui ! vous êtes toujours présents à ma pensée, toujours consultés ; vous dirigez tacitement toutes les actions de ma vie. Si je vaux quelque chose, n’est-ce pas à vos soins, à vos bontés que je le dois ? Quelle reconnaissance pourrait jamais vous payer de si grands bienfaits ? — J’espère écrire par ce courrier à cette bonne madame O’Connell ; j’avoue que, quelque vive que soit mon amitié, c’est une tâche pour moi ; mais je vois déjà papa qui s’apprête à me faire un petit sermon.