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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

ble et plus regretté par elle, ses albums, tous ses travaux d’art aussi bien que ses papiers.

On retrouva dans les cendres les diamants et les pierres précieuses. Je les ai vues arriver ici presque calcinés ; cependant on put encore tirer parti d’un assez bon nombre ; mais toutes les montures et des perles magnifiques données par le Roi furent complètement perdues.

Selon l’habitude qu’elle s’était faite de prendre sur elle, la princesse Marie ne montra aucun effroi et médiocrement de regret ; mais je ne puis me défendre de croire qu’un pareil événement, dans son état de grossesse, n’ait encore donné quelque atteinte à sa santé.

Jusque-là, ses lettres vantaient son embonpoint, et pourtant nous la vîmes arriver, quelques semaines après, fort changée et très amaigrie. Cela fut attribué à sa position.

Le Roi se donna le plaisir de lui faire retrouver, dans le pavillon qu’avec grand soin il lui avait construit à Neuilly, tout ce qui pouvait se réparer des pertes que l’incendie de Gotha lui avait fait subir.

Les premiers jours se passèrent avec joie et douceur dans le sein de sa famille ; mais, bientôt, elle se renferma dans son appartement, avec le duc Alexandre, et ne supporta qu’avec une impatience marquée tout ce qui troublait leur tête-à-tête. Aucune personne, même de son ancienne intimité, n’était admise chez elle. À peine, de loin en loin, Olivia de Chabot y arrivait-elle.

Cela étonnait d’autant plus qu’au nombre des avantages que la princesse Marie semblait priser le plus dans son mariage elle comptait la liberté de vivre dans la société et la possibilité de faire des visites, ce qui se présentait à son imagination comme le complément de l’agrément de la vie rationnelle.