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MORT DE LA DUCHESSE DE WURTEMBERG

La Reine se mit alors à battre tous les buissons germaniques pour y trouver un mari sortable. Le roi des Belges proposa le duc Alexandre de Wurtemberg, sixième cadet de cadet, mais appartenant à la maison royale.

Cette médiocre alliance elle-même ne s’établissait pas très facilement. Le prince, cousin germain de l’empereur Nicolas, avait tous ses intérêts en Russie ; et il fallait non seulement le consentement direct de l’Empereur, mais encore qu’il n’usât pas de son influence pour faire refuser celui du roi de Wurtemberg. La différence de religion se présentait comme un obstacle partout, et surtout à Rome.

La princesse aurait vivement désiré que tous ses enfants, comme ceux de sa sœur la reine Louise, fussent élevés dans la religion catholique ; la pragmatique de la maison de Wurtemberg s’y opposait formellement.

Ces difficultés entraînèrent d’assez longues négociations à Pétersbourg, à Stuttgart et à Rome. Elles furent enfin vaincues, et le mariage déclaré vers le milieu de septembre.

La voix publique n’accordait pas une grande distinction d’esprit au duc Alexandre ; mais elle vantait ses bonnes qualités, et nul ne pouvait disputer sa superbe figure. Tel qu’il était, la princesse s’en montrait fort satisfaite, et, lorsque j’allai lui faire mon compliment officiel à Saint-Cloud, elle l’accueillit de la façon la plus accorte.

Sa physionomie avait repris de la douceur et de la gaieté ; sa parure était soignée, et elle tournait vers le duc Alexandre, placé derrière sa chaise et paraissant très occupé d’elle, des regards qui exprimaient son contentement.

En causant de ce mariage avec madame Adélaïde, quelque temps avant, j’avais énoncé la pensée qu’il