Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/286

Cette page a été validée par deux contributeurs.

MORT DE SON ALTESSE ROYALE
LA PRINCESSE MARIE D’ORLÉANS
DUCHESSE DE WURTEMBERG
1839


Lorsque, si récemment encore, je me complaisais au récit de son enfance, la princesse Marie était alors dans tout l’éclat de sa brillante jeunesse, et je ne m’attendais guère qu’il me serait donné de parler de ses derniers moments. Mais la vie et la mort de cette jeune femme sont tellement rares, dans le rang où elle est née, qu’on ne peut se défendre de leur accorder une attention toute particulière. Je me suis défendu de me servir du mot admiration, qui se présentait sous ma plume, parce que je le réserve pour les personnes qui, avec les mêmes qualités et les mêmes vertus, les soumettent à la hiérarchie de la société et acceptent le sort que Dieu leur a fait, sans user leur vie dans de stériles combats contre la destinée.

Telle a été l’existence de la princesse Marie, et, à vingt-cinq ans, elle a succombé dans cette lutte. Je ne prétends pas lui en faire un éloge, au contraire.

Ce n’est point parce qu’elle était trop douée, c’est parce qu’il lui manquait quelque chose qu’elle a trouvé si amer le sort le plus doux. Cette concession une fois faite à la froide raison, on peut se livrer à tout ce que ses brillantes qualités ont d’attrayant pour l’esprit et le cœur.