Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome IV 1922.djvu/190

Cette page a été validée par deux contributeurs.
185
EXPÉDITION DE LA DUCHESSE DE BERRY

lance établie à Blaye, d’ailleurs, serait nécessairement exercée sur elle, et, avec l’intention où il m’assurait être de prodiguer les soins et les égards à l’auguste captive, lui-même devait désirer des témoins, sincères quoique hostiles, qui le pussent affirmer.

La lettre, lue en conseil, détermina à proposer madame d’Hautefort à madame la duchesse de Berry, en même temps, qu’on lui faisait savoir le refus de mademoiselle de Montaigne. Elle consentit froidement ; et je fus chargée d’informer madame d’Hautefort que les portes de la citadelle lui seraient ouvertes, à la condition de s’y rendre directement et sans passer par Paris.

Elle me répondit par des hymnes de reconnaissance et se mit en route sur-le-champ.

J’ai regret de n’avoir pas conservé cette correspondance : elle ne laisserait pas que d’être assez curieuse ; mais je ne m’avisais point en ce moment que madame d’Hautefort et moi nous faisions de la chronique, si ce n’est tout à fait de l’histoire. Je n’étais mue que par la pensée de l’obliger, le plaisir d’être utile à madame la duchesse de Berry et la certitude de complaire aux vœux de la Reine.

J’ai lieu de croire que la personne de la comtesse d’Hautefort fut accueillie à Blaye tout aussi froidement que l’avait été l’offre de son dévouement, et qu’elle en fut très blessée.

On eut encore recours a moi pour obtenir de monsieur Thiers l’envoi d’une femme de chambre dont madame la duchesse de Berry souhaitait fort la présence. L’aventure du livre de prières le mettait en garde contre mes sollicitations et je le trouvai récalcitrant.

Cependant, à force de lui démontrer les avantages, que je croyais très réels, d’environner la personne de madame la duchesse de Berry de gens à elle, pouvant