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EXPÉDITION DE LA DUCHESSE DE BERRY

fallait pourtant dérober à la plèbe gouvernementale et aux extravagants amis de la princesse, aussi bien qu’à l’opposition radicale.

Tandis qu’il s’occupait des soins nécessaires à cet effet, un messager inconnu lui remit des dépêches de madame la duchesse de Berry. Elle refusait de partir, renonçait à le revoir et le chargeait de rapporter à ceux dont il était l’envoyé les réponses contenues sous la même enveloppe.

Monsieur Berryer, lui, n’est pas doué d’un cœur téméraire ; il se tint pour fort satisfait de se retirer sain et sauf d’un si absurde guêpier, et reprit la route de Paris.

La relation précédente m’est arrivée, avec tous ses détails, d’une façon si directe, dans le temps, que je ne puis douter que ce ne soit la première version fournie par monsieur Berryer à ses commettants. Peut-être en a-t-il changé depuis ; cela arrive à tous les gens de parti et à lui plus qu’aux autres.

Il paraîtrait que le maréchal Bourmont, aiguillonné au vif du sarcasme amer de la princesse, avait dit comme un autre Pylade : « Allons, seigneur, enlevons Hermione » ; et s’était réuni aux conseillers imberbes de Marie-Caroline.

Peut-être, aussi, les espérances d’un mouvement insurrectionnel à Paris avaient-elles encouragé et servi à combattre les objections des moins extravagants ; quoi qu’il en soit, les projets de retraite furent échangés contre ceux de l’entrée en campagne.

Madame la duchesse de Berry, à la tête de quinze cents paysans réunis à grand’peine, les vit mettre en fuite, malgré sa présence et malgré des actes de valeur individuelle remarquables, par une poignée de soldats réguliers.

Ce qui restait de sa troupe se réfugia dans le château