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viii
L’AMIRAL DE RIGNY
Paris, lundy [1832].

J’espère, Madame, que vous êtes plus au courant que moi d’une situation qui me paraît s’embrouiller de plus en plus ; vos amis vous instruisent, et, comme on me dit qu’ils se plaignent de moi, je n’ose, devant vous, être trop contradictoire.

Il est bon cependant, que vous sachiez, (bon, j’entends pour moi), du vrai, sans le vernis obligé.

M. de Broglie était un homme trop honorable pour que je fasse une objection personnelle et, malgré quelque précipitation désobligeante de la part du Roi envers mon oncle, accusé déjà, si je refusais, de faire manquer une combinaison si difficile à terminer, j’acceptais si le duc de Broglie se décidait.

Cela se passait le dimanche ; le mardi, M. de B. apporta ses conditions au Roi : il s’agissait de Guisot, Seb… et un autre qu’il fallait faire entrer sans portefeuille.

Ici, je fis objection, et contre le sistème des ministres sans portefeuille et un peu contre l’invasion trop complette de ce qu’on appelle les doctrinaires, et j’offris ma place ; Barthe en fit de même, et Thiers déclarat qu’il ne croyait pas cette combinaison possible avec la chambre.

C’était un sine qua non de la part du duc de B. ; force fut de retourner à Dupin ; à l’heure ou je vous écris, on attend sa réponse et son arrivée. Je n’y compte pas trop, car c’est un singulier personage qui n’acceptera pas la présidence du maréchal.