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jour et en une nuit fatale, tout ce qu’il y avait de guerriers, et l’île Atlantide disparut sous la mer. La mer Atlantique cessa dès lors d’être navigable, par suite de la masse de limon que l’île submergée avait laissée à sa place.

Ces renseignements fournis par le Timée sont complétés par le Critias qui nous apprend, entre autres détails curieux, que la guerre en question avait eu lieu 9000 ans avant l’époque où écrivait Platon, c’est-à-dire il y a un peu plus de 11,000 ans [1] ; et que le premier roi, qui s’appelait Atlas, donna son nom à l’Atlantide, qui était un pays riche en produits de toutes sortes, notamment en or et autres métaux précieux.

Au premier abord, quelques singuliers rapprochements viennent frapper l’esprit. Dans le nom même d’Atlantide, se trouve une racine mexicaine atl qui signifie « eau »; et cette désinence en tl porte un cachet essentiellement caractéristique des langues du Mexique [2]. Les Grecs, il est vrai, prétendent

  1. On ne peut guère considérer cette date comme signifiant autre chose qu’une antiquité fort éloignée, bien que les découvertes de la science moderne tendent à reculer bien autrement loin l’histoire de l’humanité. On verra, d’ailleurs, sous quelles réserves nous pensons tenir compte du récit de Platon sur l’Atlantide.
  2. Le groupe tl est tellement caractéristique de la langue mexicaine, que les auteurs de grammaires en font l’objet de l’une des premières remarques qu’ils consacrent à la prononciation des mots. « En muchas voces hay juntas estas dos letras tl. Si no estan al fin de la voz, se pronundan como en esta voz, Atlante : v. g. tlalli « tierra », àtle « nada », tôtli « gavilan ». Si estan al fin de la voz se pronuncian casi como se pronunciàran si despues de ellas huviera e : v. g. en àtl « agua » se pronuncian casi como en dha, voz mexicana àtle ; e. e. se pronuncian como que despues de ellas fueras à pronunciar e, y te detuvieras, sin llegar à articularla claramente ». (D. Joseph Augustin de Aldàma y Guevàra, Arte de la lengua Mexicana, § 3.)
    Je dois observer toutefois que l’archaïsme de la consonnance tl ne me paraît pas certain en mexicain. Il résulterait plutôt des faits philologiques que j’ai pu réunir que cette consonnance a été apportée dans la vallée de l’Anahuac, avec la dernière invasion indienne, ce qui affaiblirait l’argument basé sur le rapprochement des mots atl et Atlas. Il faut dire, par contre, que le tl a été très vraisemblablement introduit au Mexique par une population américaine venue de l’Est, c’est-à-dire de la partie du Nouveau-Monde la plus voisine de l’Europe.