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de cette abstraction est celui que présente le choc des corps durs, lorsqu’on ne leur suppose aucun degré de compressibilité : le phénomène alors est instantané ; et la seule condition qu’on ait à remplir, c’est que la vitesse du corps qui va devant ne soit pas moindre que celle du corps qui va derrière ; condition à laquelle on peut satisfaire d’une infinité de manières, et qui laisse indéterminé l’état des deux mobiles après le choc. Mais si les mobiles sont compressibles, aussi peu que l’on voudra, le phénomène du choc dure un certain temps ; il s’achève à l’instant précis où leurs vitesses étant parvenues graduellement à l’égalité par l’effet de leur compression mutuelle, les deux corps n’agissent plus l’un sur l’autre ; et cette condition de l’égalité des deux vitesses après le choc détermine complètement celles dont les mobiles se trouveront animés. Soit encore, pour exemple, un poids posé sur une table soutenue par plus de trois pieds. Si l’on considère la table comme un plan rigoureusement inflexible, les charges que ses pieds devront supporter auront une infinité de valeurs différentes´, dont la somme sera égale au poids donné ; ce qui ne présente rien d’inconcevable, en observant qu’il ne s’agit d’une simple décomposition de forces, et que cet énoncé ne signifie rien autre chose, si ce n’est qu’une force donnée peut se décomposer d’une infinité de manières différentes, en plus de trois autres forces parallèles à sa direction. Cependant, il serait absurde qu’en réalité la charge de chaque pied pût avoir plusieurs valeurs ; et en effet, l’indétermination disparaît, lorsque l’on tient compte du degré d’élasticité propre à la matière de la table, et de la flexion qu’elle éprouve, quelque peu considérable qu’on la suppose. On trouvera dans mon Mémoire la solution d’un cas particulier de ce problème de mécanique physique, dans lequel on suppose