Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/255

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

géométrie la plus profonde, ont été mis en œuvre pour fixer tous les éléments de ce grand phénomène, et développer les conséquences qu’ils pouvaient fournir non-seulement sur la forme, mais encore sur la constitution intérieure du sphéroïde terrestre. Trois méthodes, ou plutôt trois sortes d’épreuves distinctes, ont été appliquées à cette recherche. La première, toute directe et purement graphique, consiste à mesurer des arcs de méridiens et de parallèles sur divers points de la surface, c’est-à-dire à déterminer par l’observation les longueurs de ces arcs, leurs amplitudes astronomiques, leurs inflexions et les angles sous lesquels ils se coupent ; puis, à construire géométriquement la configuration du sphéroïde sur lequel ils doivent se placer. Cette construction, appliquée aux résultats de toutes les opérations modernes, donne indubitablement à la terre une forme aplatie aux pôles, renflée à l’équateur, conformément à ce que l’analogie indique pour l’équilibre d’une masse fluide tournant autour d’un axe et dont toutes les parties s’attirent mutuellement. Mais lorsque l’on veut aller au-delà de ce premier aperçu, et assimiler le sphéroïde à quelque forme simple, par exemple à l’ellipsoïde, on y découvre des irrégularités très-sensibles qui l’en écartent, et dont la réalité est incontestable, puisqu’elles excèdent de beaucoup les erreurs que l’on pourrait attribuer aux observations. Lorsque l’on examine de cette manière l’arc du méridien qui s’étend de Greenwich à Formentera, les portions successives de cet arc, considérées en allant du nord au sud, donnent des décroissements de degrés qui sont absolument sans aucune loi, et vers le 46e degré en particulier ils offrent une anomalie énorme[1]. Or,

  1. Delambre, IIIe volume de la méridienne, page 548.